RÉSUMÉ DE L’ŒUVRE
Les Kala et les Balu sont deux peuples ennemis qui vivent en guerre depuis des décennies. Ils se convoitent Lwanzo, une colline riche en minerais. L’exode de cette rivalité sanglante dans les villes environnantes a influencé un monde caractérisé par une haine tribale accrue où Kala et Balu ne peuvent cohabiter. Pourtant Jay, un Balu, et Jasmina, une Kala, sont arrivés à tomber amoureux l’un de l’autre. Ils cherchent à se marier malgré le refus catégorique de leurs deux familles et la guerre incessante qui ravage leurs deux tribus.
Belinda, une Balu, est amie intime de Jasmina, une Kala. Elle est aussi tombée amoureuse de Jay, un Balu. Ce qui fait qu’elle va attirer l’attention de Makasi, la mère de Jay dont la famille (les Balus) demande de faire épouser le fils (Jay, sui du reste est le neveu de mwami des Balus et son héritier) par une fille Balu. Makasi et Belinda seront complices pour éliminer Jasmina, la fille du chef des Kalas qui sont sur les portes de Lwanzo pour chasser les Balus et les massacrer.
Jay et Jasmina, réussiront-ils à surmonter toutes les épreuves et tous les pièges afin d’offrir victoire à leur amour ? Quel destin attend ces peuples qui nuits et jours s’entretuent et sont prêts à s’exterminer?
La vie de l’auteur
Patrick Bassham Bashonga est né le 01.08.1991 à Goma à l’Est de la République Démocratique du Congo dans une famille de onze enfants dont neuf garçons et deux filles. Fils de Deogratias BASHONGA et de Nyota KASHALI NAMUHOKO, Il a fait ses études primaires au Complexe Scolaire Imani de Goma où il a découvert le monde des belles lettres dans l’apprentissage à la lecture, la déclamation des poèmes et récitations et la rédaction des contes pour enfants. Il quitte l’école primaire Imani en 2004 pour le Collège Mwanga de Goma où il s’orientera en section littéraire, option Latin-Philo, dans le but de rendre solide et réelle sa passion littéraire et son rêve de devenir écrivain. Au Collège Mwanga, pendant plus de sept ans, il intervient dans plusieurs activités culturelles notamment le théâtre, la poésie écrite, chantée et déclamée.
Il venait de joindre en 2007 le groupe EFI du poète Bukasa sollicité par Mgr Kanyamachumbi Patient, mort en 2008. Près du Poète Guillaume Bukasa, Patrick Bassham Bashonga a découvert la poésie dans son monde du réel et de l’imaginaire, dans son monde de profondeur et de métaphore. Il a ainsi été formé et encadré en poésie et nouvelle par ce grand poète qui est considéré aujourd’hui comme le Père de la poésie du Nord-Kivu. La même année (2007) quelques mois après, il a fait connaissance avec J.P King Kyembwa connu sous le nom de scène de Mupendaraha dans le groupe de théâtre PEF-PAFIJ, groupe initié par Godefroid MAREGANE, un père proche de la jeunesse qui milite toujours pour son encadrement et son épanouissement. Chez Mupendaraha, sous la production de Godefroid Maregane, Patrick Bassham va être plongé dans le monde du théâtre dont il apprendra l’écriture et le jeu. Ces deux mondes littéraires vont faire de Bassham un jeune dynamique, déterminé à devenir plus tard un écrivain de renom.
En fin 2008, Patrick Bassham rompt avec EFI et quelques mois après, en début 2009, le groupe PEF-PAFIJ cesse ses productions dans la ville de Goma après la dernière pièce « Jusqu’au-delà de la mort » de J.P King Kyembwa présentée dans la salle des jeux de la paroisse Notre Dame du Mont-Carmel. Depuis lors, le jeune écrivain en herbes évolue en carrière solo, supporté par tout ce qu’il avait appris chez Bukasa et chez Mupendaraha.
En 2012, Patrick Bassham quitte le Collège Mwanga après beaucoup d’années passées avec les Abbés du diocèse de Goma. Il voulait à tout prix poursuivre ses études universitaires en faculté des lettres en Occident mais faute des moyens, il ne put quitter le pays. Il s’inscrivit en Droit à l’Université Libre des Pays des Grands Lacs qu’il quitta quatre mois après pour l’UNIGOM en faculté des Sciences de l’Information et de la Communication qu’il étudie jusqu’à présent.
Patrick Bassham a réalisé beaucoup d’efforts pour s’auto former dans le monde littéraire. En 2011, il a été retenu comme journaliste et présentateur d’émissions à la RTGB/GOMA où il exerça cette fonction jusqu’en fin 2013 afin d’aller poursuivre cet exercice à Mishapi Voice TV où il travaille depuis juillet 2014. Il est aussi membre de beaucoup d’organisations de jeunes notamment Badilika, Clinique des Jeunes Ecrivains pour le Changement, où il est inspiré de maints problèmes que rencontre la jeunesse, ce qui lui permet d’écrire tous les livres sur la jeunesse.
Extrait du livre
Historique de l’ouvrage
Le Regard empoisonné a été connu du public en 2010 sous forme d’une pièce de théâtre. Joué pour la première fois pour les élèves du Collège Mwanga, il a ensuite été adapté et joué sur scène par les acteurs de Badilika ! (Clinique des Jeunes Ecrivains pour le Changement) En 2016, Le Regard empoisonné est écrit en prose et ses textes inédits sont publiés en feuilleton, tous les dimanches dans la revue hebdomadaire la Gazette du Carmel. Pendant six mois, les chrétiens de la paroisse Notre Dame du Mont-Carmel ne liront qu’une partie de ce roman. Cette série de publication proposera donc l’intégralité du roman qui paraitra en différentes tranches.
EXTRAIT
Lumpamba, un combattant de la tribu Balu, hâtif, respecté et craint, s’élança en courant odieusement dans les bosquets de la haute montagne de Lwanzo. Machette bien aiguisée dans sa main droite, torses et pieds nus, il fuyait la meute Kala à ses trousses. Depuis plus d’une heure, il avait réussi à tromper la vigilance Kala avant de se faire repérer. Cependant, il avait encore un peu de chance. A en croire la troupe Kala aux abois, personne ne savait encore s’il s’agissait d’un mécréant Balu. Les Kalas cherchaient à en avoir le cœur net.
Lumpamba se trouva une cachette où il se mit à l’abri de la fureur Kala mais il fut trahi par une branche d’arbre à l’extrémité d’un sentier qui se libérait d’un Munzenze en ébranlant tout un feuillage aux alentours créant une sorte de remous et un bruit tiède qui attira vers lui les gardes à sa poursuite.
Lumpamba demeura un moment à terre, immobile, retenant son souffle, de peur d’être repéré de nouveau.
Attiré par le bruit déclenché par la branche d’arbre, les gardes Kala s’approchèrent de là où ils avaient perçu le bruit, juste à quelques mètres de Lumpamba. Blotti derrière un arbre, l’espion Balu jetait çà et là un regard subtil cherchant par où se créer un passage au cas où les ennemis arrivaient à l’y dénicher.
– J’ai bien entendu un bruit, dit un homme en Kikala. Et une silhouette s’est recroquevillée vers ici. Regardez bien. Regardez bien.
Une vague d’adrénaline submergea le cœur de Lumpamba. Il enfonça fermement la machette dans le creux de sa main, prêt à livrer bataille.
– Par là, reprit la même voix du garde Kala en indiquant la direction opposée à là où se terrait Lumpamba.
Un autre bruit s’était fait entendre. Leur fuyard était par là, s’étaient-ils dit en se précipitant vers ce coté-là.
Essoufflant un rictus salvateur, Lumpamba se libera de son repaire et courut à perdre haleine au Sud de la montagne de Lwanzo. Il n’était pas pourtant encore sauvé. On dirait qu’il n’aurait pas dû abandonner sa cachette. Pendant qu’il quittait son coin, la troupe Kala le découvrit et comprit qu’il s’agissait d’un ennemi qu’il fallait à tout prix éliminer.
Poursuivi de nouveau, Lumpamba augmenta la vitesse de ses pas. Pas question de se faire prendre par ses ennemis. Mais ces derniers étaient trop rapides qu’ils réussirent à le rattraper et le jeter sur une surface marécageuse en le désarmant.
Lumpamba se sentit affaibli. En dépit de sa chute, il compta le nombre de ses assaillants. Trois. Pour un combattant Balu bien entrainé, ce n’était pas un nombre redoutable. Il pouvait parvenir à les affronter et les battre.
Lumpamba se libera du marécage. Il fit semblant de courir pour séparer ses adversaires de manière à rendre le combat équitable. Celui qui le suivit, un type malingre, fut pulvérisé par une seule boxe de Lumpamba qui l’assomma. Il tomba en syncope. L’élimination de son premier adversaire lui permit de s’emparer de sa machette. Mais ce geste lui coûta une paroi de son abdomen qui fut tranché d’un poignard de l’un de ses adversaires en colère. Courroucé, poussant un gémissement bestial, Lumpamba riposta en lui ouvrant les veines de sa nuque. Abandonné par toute force, l’ennemi se laissa tomber dans le marécage où il cessa de respirer. Le dernier adversaire encore en vie roua Lumpamba des coups infernaux puis, de ses mains de pilon, Lupamba l’étrangla, le fit oublier un moment sa blessure au niveau de l’abdomen. Tellement il était rapide, d’une musculature herculéenne, Lumpamba détacha les mains de son adversaire autour de son cou et, dans cette flopée d’incertitude, il empoigna sa machette dans la poitrine de son adversaire qui mourut aussi tôt.
***
Lumpamba parvint dans le camp Balu étalé sur une civière. Après sa victoire sur les trois combattants Kala, il n’avait marché que quelques minutes avant de s’affaler dans les bois perdant toute force à cause de sa blessure. Heureusement pour lui, remarquant qu’il venait de passer plus de temps que prévu, une troupe Balu avait été envoyée à sa rescousse et l’avait trouvé évanoui dans un terreau.
– Il faut attaquer maintenant, si nous voulons rependre Lwanzo, dit-il quand il reprit connaissance.
Lwanzo, plus de cinq cent mètres d’altitude, n’était pas seulement précieuse par sa grandeur. Riche en or, en cassitérite et en coltan, c’était presque le seul endroit en RDC regorgeant mythiquement plus de minerais à la fois. On ne parle pas encore d’anciens arbres sauvages qui offrent une meilleure qualité de bois ou du café ni encore des animaux sauvages qui assurent du meilleur gibier aux chasseurs.
Situé entre les villages de Kampa et de Kambitatu, ce précieux monument était l’objet d’une rivalité sanglante entre Kala et Balu. Toutes les deux tribus se réclamaient propriétaires de cette montagne aurifère. Des années plus tôt, après une bataille sanglante, les Kala avaient réussi à repousser les Balu loin de la montagne et étaient parvenus à la contrôler sans aucun partage. Mais, préparée à une reconquête accrue, les Balu avaient, de bonne heure, à l’insu de leurs ennemis, installé leur campement sur les pieds de la montagne afin de les surprendre, les massacrer et reprendre la colline.
– Notre plan va rester le même, rétorqua Magaragumu, le chef Balu. Nous n’allons attaquer que la nuit comme prévu.