La démission ce samedi 11 juillet 2020 du VPM et ministre d’Etat en charge de la justice Celestin Tunda Ya Kasende fait suite à une serie des scénarios pas très interessants, que la République Démocratique du Congo a connu ces dernières semaines. Des scénarios qui ont sembler mettre en mal l’état de santé de la coalition au pouvoir FCC-CACH.
L’affaire remonte à la 37ème réunion des conseils des ministres ténue à Kinshasa par visioconférence vendredi 26 juin 2020. Au cours de cette traditionnelle réunion hébdomadaire sur l’évaluation de la situation du pays,le président de la RDC Felix Tshisekedi découvre que le ministre Tunda aurait transmis à l’Assemblé national, au nom du gouvernement, les avis au sujet des propositions de lois sur la réforme de la justice, sans autorisation du conseil des ministres.
Cette faute du ministre de la justice énerve le chef de l’Etat d’abord et ensuite plusieurs observateurs qui, après avoir appris la nouvelle, n’ont pas trainé de réagir, exigeant tous des sanctions contre Celestin Tunda ya Kasende.
L’affaire prend une vive allure quand Tunda ya Kasende est arreté dans la soirée du samedi 27juillet 2020. Il sera rélaché quelques heures plus tard, après son audition au parquet général près la cour de cassation. Celui-ci fait ensuite une declaration à la presse qui sera interprétée par plusieurs internautes congolais comme une arrogance. En effet, après sa sortie du parquet, Celestin Tunda ya Kasenda affirme avoir reçu l’apaisement de la part d’un certain « Ye Meyi » ( du lingala,qui signifie « lui-même » en français), le rassurant que rien de grave ne pourrait lui arriver.
La suite des évènements sera marquée par une serie des déclarations opposant parfois les membres des deux familles politiques formant la coalition au pouvoir, FCC-CACH.
Le premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba,après avoir convoqué une réunion urgente des ministres autour de la question, exprime dans un communiqué daté du 27juin, l’indignation du gouvernement face à ce qu’il qualifie d’humiliation subit par le VPM en charge de la justice lors de son arrestation, et demande au chef de l’Etat de saisir le Conseil supérieur de la magistrature pour une action judiciaire contre les magistrats auteurs de cette interpellation.
Une réaction du prémier ministre desaprouvée par les ministres du CACH qui affirment, eux aussi dans une déclaration à la presse, que le communiqué lu au nom du gouvernement n’avait pas fait objet de la réunion présidée par le Premier ministre.
À la face du monde entier, cette affaire démontre clairement que la santé de la coalition au pouvoir se déteriore davantage. Certains évoqueront même la fin de la coalition.
Décidement,une rencontre entre les deux autorités morales des deux plates-formes politiques au pouvoir( FCC et CACH) s’impose pour apaiser les tensions des uns et des autres.
Le 2 juillet 2020, Felix Tshisekedi et Joseph Kabila se rencontrent finalement pour un tête à tête à la N’sele. Les deux hommes ne communiquent pas officiellement à la presse les décisions finales de leur rencontre.
Concernant l’affaire Tunda Ya Kasende, il a fallu attendre la ténue du conseil des ministres pour avoir une idée s’il devrait garder ou pas sa fonction, après tout ce qui lui est réproché.
Absent au conseil des ministres du vendredi 03 juillet 2020, une rumeur circulait déjà sur sa prétendue démission et son interdiction par le chef de l’Etat, de prendre part aux conseils des ministres.Sur son compte Twitter, Tunda Ya Kasende démentira un jour plus tard cette nouvelle, affirmant qu’il reste fidèle à la République au sein du gouvernement de la coalition.
La rumeur sera transformée en réalité une semaine plus tard, soit ce samedi 11juillet 2020. Celestin Tunda ya Kasende démissionne de son poste de Vice-premier ministre et ministre en charge de la Justice, fonction qu’il a occupé depuis septembre 2019.
Cette démission peut-elle être considérée comme un signal fort pour un apaisement des tensions entre les partenaires de la coalition au pouvoir? L’avenir nous donnera sûrement la réponse.
Emmanuel BARHEBWA