En pleine période de la crise sanitaire liée à la pandémie du Coronavirus, le Fonds Social de la RDC (FSRDC) a lancé à Goma, un nouveau recrutement des agents pour les travaux de balayage de la voirie, de curage des caniveaux, de pavage des rues et d’autres travaux dits de haute intensité de la main d’oeuvre (THIMO en sigle).
Comparé aux précédents, ce nouveau recrutement intervenu au mois de juillet 2020,est sans doute, celui qui a connu un engouement exceptionnel des démandeurs d’emplois; preuve d’un chômage très élevé que vit la population, et qui a été accentué par la crise du Coronavirus.
En début du mois de juillet, la ville de Goma a été plus mouvementée que d’habitude.Le sujet qui faisait la une des commentaires, c’est le lancement des recrutements des travailleurs pour le balayage de la voirie.
Contrairement à d’autres offres d’emplois où les candidats doivent présenter des CV, lettres de motivation et autres, celui-ci n’a rien de spéciale comme exigence. Il suffit de se présenter au centre de recrutement,se faire enregistrer et deux jours après, venir faire le tirage pour tenter la chance de décrocher le boulot.
Ce boulot, pour lequel des milliers de gens ont déposé leurs candidatures, consiste à balayer régulièrement les differentes voiries de la ville, ensuite au bout de deux mois de prestation, être rémunéré d’une prime de 180 dollars USD, en raison de 3$ par jour. Une vraie opportunité à ne pas louper en période dite de confinement où plusieurs activités sont aux arrêts.
Les sites de recrutement plein à craquer le jour d’enregistrement des candidats
Pourtant les annonces n’ont pas été faites aux medias comme d’habitude mais plutôt aux travers les cadres de base, à en croire les organisateurs; les sites d’engistrément à Goma, se sont vu envahis par des milliers des gens le jour de recrutement.
Ce jour là,toutes les couches de la population étaient visibles.
Jeunes garçons,jeunes filles, papas, mamans, personnes de troisième âge,etc.tous étaient présents pour se faire enregistrer et obtenir le jeton, afin d’être éligible au tombola et tenter leur chance de décrocher le boulot.
L’heure du début de l’enregistrement de candidats était prévu pour 8h précise, mais déjà à 6h du matin les gens étaient déjà rassemblés par milliers devant les bureaux de recrutement pour se faire enregistrer.
Dans certains sites, l’opération prénait parfois toute la journée sans que tout le monde ne soit enregistré, vu l’immensité des candidats.
Dans d’autres sites,tous les jétons d’enregistréments des candidats s’épuisaient à en croire les organisateurs, alors que les foules ne faisaient qu’augmenter. Dans ces cas, on faisait recours aux autres sites pour se ravitailler en jetons et tenter de sauver la situation.
Ils sont nombreux ceux qui comptent sur ce travail
Plusieurs demandeurs d’emplois rencontrés et interrogés le jour du récrutement dans le cadre de ces travaux, nous ont expliqué combien ce boulot leur est d’une importance très capitale, louant d’ailleurs les organisateurs d’avoir lancé le recrutement dans la période où le coronavirus a mis au chômage une bonne partie de la population.
Chinyabuguma Mathieu, chômeur et père d’une famille de six enfants, prevoit,avec le salaire qu’il toucherait au cas où il décroche ce job, se lancer dans des activités commerciales afin de subvenir aux besoins de sa famille.
« Ça fait longtemps que je ne travaille pas et ma famille vit au taux du jour. Je suis ici pour chercher du travail.Si j’obtiens ce job et qu’après deux mois de prestation je touche cette somme qu’ils promettent, je peux lancer les activités de commerce et jamais mes enfants manqueront à manger. » laisse-il entendre.
Une idée presque similaire à celle de Joséphine Kalume, une veuve, visiblément d’âge revolu. Elle se dit très soucieuse de décrocher ce travail temporaire, afin de subvenir aux besoins de ses sept orphélins.
« Je suis locataire et je n’ai pas d’emploi. Si je me retrouve ici, ça veut dire que je suis prète à faire n’importe quel travail pour vu que je gagne un peu de sous afin de subvenir aux besoins de ma famille.Je n’ai pas le choix.je dois me battre pour que ma famille survive. » nous dit-elle, avant de nous exhorter de prier pour elle afin qu’elle puisse bien tirer lors du tombola.
Du côté de jeunes étudiants trouvés egalement sur le lieu de recrutement,ce travail est une façon de s’occuper utilement, au lieu de rester à la maison sans rien faire.
« Si on gagne ses trois dollars par jour pendant cette période où on ne va pas aux cours, on a la possibilité de se payer un syllabus lorsque les cours réprendront » souligne Laurent MWEZE,étudiant en G2 à l’ISIG/Goma.
Néanmoins, la présence en ce lieux des étudiants, élèves ou d’autres « intellectuels » semble surprendre et déplaire un certain nombre de personnes n’ayant pas étudiées, et qui s’estimaient « ayant droit » pour ces genres des travaux.
« Nous, on n’a pas eu la chance d’aller à l’école comme les autres. Quand des telles genres d’opportunités se présentent, on estime que l’Etat se souvient enfin de nous. Mais nous sommes surpris de nous retrouver ici avec des étudiants,des licenciés qui ont fini leurs études ou d’autres intellectuels sensés être dans des bons boulots… » s’inquiète Ishara Baraka Shafali.
Et de poursuivre:
» Ils réduisent notre chance de retrouver de l’emploie alors qu’eux,contrairement à nous, ils peuvent se faire engager dans des bons boulots! » déclare-t-il exhortant les organisateurs de privilégier des personnes analphabètes,chaque fois qu’ils lancent des recrutements pour ces genres de travaux.
C’est suite au manque d’emploi, souligne Ishara Baraka, »que certains d’entre nous se retrouvent dans la rue ».
Une seconde chance offerte à ceux qui ont raté le boulot lors de ce recrutement
Selon les responsables du Fonds Social de la RDC, ces recrutements de travailleurs se font dans le cadre du programme dit « Projet Réponse Sociale à la Crise de la Maladie à Virus Ebola » (PRSMVE en sigle), un programme d’urgence financé par la Banque Mondiale; et qui a été conçu dans le but d’octroyer des emplois temporaires aux personnes vulnérables dans les zones touchées par la maladie à Virus Ebola. Il s’agit des province du Nord-Kivu et de l’Ituri.
Au Nord-Kivu ce projet d’urgence,mis en place depuis l’année 2019, vise à octroyer à la population, plus de 60000 emplois temporaires.Il se poursuit jusqu’en 2021 avec des recrutements réguliers des agents, à en croire une source du FSRDC.
La même source rassure que les candidats qui n’ont pas réussi à décrocher le boulot au tirage dernier ont encore la possibilité de se faire enregistrer aux prochains recrutements et de tenter à nouveau leur chance.
Aux yeux de plusieurs observateurs, l’engouement observé à chaque recrutement dans le cadre de ces travaux, est la preuve d’un niveau très élevé de chômage que la population a atteint. Une population très soucieuse de travailler mais qui manque d’emploie.Le gouvernement et ses partenaires sont ainsi appelés à agir face à cette question.
Emmanuel BARHEBWA