Papa de Lamotte, cet illustre belge qui tomba amoureux du Kivu

La mort du promoteur du Festival Amani Eric de Lamotte disparu ce lundi 17 aout 2020 alarme et attriste toute la population de Goma. Cet homme qui s’est beaucoup battu pour l’émergence du Kivu a réussi a attiré la sympathie des jeunes qui, depuis ce lundi soir, n’arrête pas de le pleurer.

Larmes, peine, désolation, c’est ce qu’on découvre sur les visages des milliers des gomatraciens ce mardi matin au lendemain de l’annonce de la mort de Monsieur Eric de Lamotte en Belgique  de suite d’un cancer de poumon. Connu affectueusement sous le nom de Papa Eric, sur les réseaux sociaux, ils sont nombreux à lui écrire des messages d’adieu, des mots de soutien à sa famille, des paroles de condoléances à toute la communauté belgo-congolaise qui a connu ce vaillant ‘’kivutien’’ qui a consacré la grande partie de sa vie à l’émergence du Kivu. Pour être de Goma, il faudrait au moins avoir un jour croisé le chemin de cet illustre belge aux cheveux grisé qui n’avait jamais perdu son sourire  et des mots à encourager les jeunes qui se démarquent de par leurs initiatives.

A Goma comme partout en RDC, on lui attribue le succès d’un premier festival « sous le pieds du volcan » qui, pendant plus de cinq ans, fait oublier à la population les cris aigus des kalachnikovs des guerres de l’Est à travers le chant et la danse. Mais Eric de Lamotte n’est pas ou n’a pas été connu que pour  le Festival Amani, mais bien plus encore !  

Déjà vers les années 80 et 90, le Congo a cette chance de connaitre Eric, un jeune intrépide originaire de Liège, qui se voit être confié la responsabilité d’assurer la direction commerciale de la BCDC et qui donne tout son savoir pour faire prospérer cette banque dans une période de crise economique dans le grand Zaire. L’amour pour le Kivu nait et grandit en lui qu’il initie en 1994 l’asbl en Avant les Enfants pour offrir une seconde chance aux enfants désœuvrés auxquels les multiples guerres dans la région ont ravi espoir. Par son coté rassembleur, à travers En avant les enfants, Eric de Lamotte parvient à initier et faire prospérer plusieurs projets dans le Kivu comme Inuka, Kisani, un atelier de broderie en faveur des jeunes filles ou HAD (Humanité et actions pour le développement) en faveur des vieillards dans le quartier Keshero et d’autres projets œuvrant vers Don Bosco Ngangi.

Comme un bon père de famille, Eric de Lamotte a pensé à tous les secteurs dans lesquels interviennent les jeunes. La création d’un Foyer Culturel qui ne suffisait pas à mieux encadrer les jeunes dans la culture le conduit à initier en 2012 le Festival Amani grâce auquel Goma a accueilli, peut-être pour la première fois, plusieurs vedettes de la musique congolaise et internationale. Grace à ce centre culturel installé dans la Maison des Jeunes, plusieurs jeunes sont encadrés dans la musique, le théâtre et la danse. Mais avant, tous ces jeunes volontaires pour la plupart dans les projets d’En avant les Enfants bénéficient aussi du Fonds Ngangi Belgique, un projet qui finance les études supérieures et universitaires de plusieurs jeunes à Goma.

Inspiré de son expérience du Belgian Finance Club dont il est d’ailleurs fondateur, il a créé Kivu Travels, a lancé SMICO, cette société de microfinance influente à Goma qui octroie grâce à un crédit « Kijana Inuka » un fond sans garantie pour soutenir l’entrepreneuriat à Goma.

On lui doit aussi la création de Comequi (Commerce Equitable)  connu dans le traitement du café ou encore Bike for Africa et la coopérative Amka et plusieurs autres projets.

Eric de Lamotte, c’est ce « roi manitou’’ dont le savoir-faire a relevé le secteur socio-économique du Kivu, l’émergence culturelle entre belges et congolais n’en étant pas moins. Eric de Lamotte c’est ce fervent belge qui a donné tout pour le Congo, ce brillant congolais qui devrait être belge ou belge qui devrait être congolais, ce fascinant belgo-congolais dont l’œuvre va demeurer florissante plusieurs centenaires après. De Lamotte, c’est ce congolais et belge que des milliers des congolais ne sont pas prêts à oublier de sitôt.  

Patrick BASSHAM