J.M.Photographie:  » A Goma, la Photographie s’est plus penchée sur le côté entreupreneurial que sur le côté artistique » (Cris Graphix)

Le 19 août de chaque année, le monde célèbre la journée de la Photographie. C’est une occasion de faire une pensée spéciale à ces hommes et femmes qui, à travers les images capturées via leurs appareils, immortalisent les faits et transmettent des messages forts.

En marge de cette journée, Kivunyota Hebdo a rencontré cette semaine Monsieur Christian Babone, artistiquement connu sous le nom de « Cris Graphix », un des opérateurs du secteur de la Photographie à Goma.Celui-ci, au cours d’une interview avec votre rédaction, a fait un aperçu général sur le secteur de la photographie dans la ville touristique.

KNH:Monsieur Christian Babone, bonjour!

ChrisB: Bonjour Monsieur le journaliste!

KNH: Pouvez-vous nous parlez de ce que vous faites ici à Goma, particulièrement dans le secteur de la Photographie ?

ChrisB: Merci pour la question. Je dirige une entreprise spécialisée dans la Photographie, la vidéographie, la saisie, l’impression, bref dans le multimedia. Elle se nomme  » Miradi Groupe ». Je suis aussi formateur dans tous ces secteurs que je viens de citer. Et cela depuis deux ans.

KNH: Entant qu’acteur dans le secteur de la Photographie, comment appreciez-vous l’évolution de ce secteur ici à Goma?

ChrisB: ici à Goma, je trouve que la Photographie a vraiment évolué. La preuve c’est de voir tous ces grands studio-photos qui ont vu les jours ces dernières années à Goma, et les precieux travaux qu’ils offrent au public. On trouve des gens qui font correctement leur boulot et avec passion. Néanmoins, il faut noter que la plupart des photographes à Goma pratiquent cette carrière dans le but entreupreneurial. Ils font une photographie tournée plus vers les cérémonies(mariages,anniversaire, deuils,etc.) et ignorent le côté artistique de la Photographie. celui-ci consiste à prendre des images conténant un certain message à partager au monde, et qui peuvent être exposées dans des cérémonies artistiques, des conférences,etc. Ce type de photographie est trop rare ici à Goma.Ceux qui la pratiquent sont moins nombreux…

KNH: Depuis un certain temps, on assiste à Goma à une prolifération des studio-photos et une augmentation du nombre des photographes. Qu’est-ce qui serait à la base de cette situation selon vous?

ChrisB: Ce que vous dites là c’est vraiment réel. Les studio-photos se sont beaucoup multipliés ici chez nous. Ce qui justifie cela c’est que beaucoup de jeunes considèrent la Photographie, comme un moyen de contourner les problèmes de chômage dont ils font face actuellement.Tu verras qu’aujourd’hui la plupart des photographes sont des jeunes dont l’âge varie entre 20 et 30 ans. Ceux-ci cherchent à construire leur avenir à travers le metier de photographe. C’est l’un des metiers qui génèrent suffisamment d’argent actuellement, vu l’augmentation des cérémonies. Tous ces jeunes n’ont pas tord, selon moi, car le pays ne leur rassure pas d’emplois. Ils finissent les études et démeurent chômeurs. Ils n’ont donc pas le choix.

KNH: Ne craignez-vous pas que cette situation impacte négativement sur le professionnalisme dans ce secteur?

ChrisB: Par rapport à cette question, moi je vois les choses de deux manière. Le premier aspect est positif. Le fait que les jeunes s’engagent massivement dans la Photographie c’est quelque chose à encourager. Ils développent un esprit d’entrepreuneriat. Ils déviennent financièrement dépendants et développent plusieurs visions. Aussi, quand on est nombreux dans un domaine, ça nous facilite la tâche et nous évite d’être submergé par des boulots, ça nous permet de nous partager les tâches afin de répondre efficacement aux demandes des milliers des clients que nous recevons. Puisque de fois les demandes sont extremément élévés au point qu’on rénonce à certaines.voilà pourquoi c’est positif, qu’on soit plus nombreux.
Par contre, le côté négatif réside au niveau de la baisse de la qualité et du professionnalisme. Des services que certains offrent à des prix élevés se donnent à des prix trop bas, chez d’autres…Il y a parmi nous ceux qui font ce metier avec passion et sont prèt à donner un service de qualité. D’autres en revanche,ne poursuivant que des objectifs lucratifs, font ce metier avec négligence et se préoccupent moins de la qualité ou du professionnalisme. C’est ce qui est dommage dans ce metier..

KNH:Pensez-vous que cet obstacle peut être contourner? Si oui,comment?

ChrisB: Je pense qu’il faudrait organiser des formations sur la Photographie. Tous ces jeunes qui sont passionés par cette carrière, ont besoin d’un encadrement, d’une formation et ils rendront un meilleur service à la nation. Notre maison( « Miradie Groupe »), en collaboration avec d’autres grandes maisons de Photographie à Goma, avons l’habitude d’organiser des formations allant dans ce sens.Nos fruits sont déjà visibles sur le terrain. Ils font un excellent travail…Nous tiendrons l’opinion au courant des nos prochaines éditions de formation qui interviendront incessamment.

KNH: Pour finir, Quel message pouvez-vous adresser à tous les photographes, qui vous liront à travers notre journal

ChrisB: Je leur demande tout simplément de respecter et de faire respecter notre boulot. Si on se respecte, les clients vont aussi nous respecter. À Goma, il y a moins d’artistes qui vivent de leur boulot. Je vous donne un exemple, si les photographes se décident un ou deux weekend de grever, vous verrez qu’aucune manifestation ne sera visible…C’est pour dire que nous avons une place non négligeable au sein de la société. Voilà pourquoi nous devons respecter notre metier et lui donner de la valeur. Ainsi notre Photographie ici à Goma, pourra aller plus loin.

KNH: Monsieur Chistian Babone, nous vous remercions!

ChrisB: C’est à moi de vous remercier, Monsieur le journaliste!

Propos récuillis par Emmanuel BARHEBWA