Pénurie d’eau à Goma: Face à face entre le DG de la REGIDESO et les manifestants en colère

« L’eau c’est la vie ! Quiconque nous prive de l’eau, nous cache vie, et nous force donc à la mort… ». C’est ce message que scandaient unanimement ce Mardi 24 Janvier 2023, les habitants des quartiers Virunga et Murara de la commune de Karisimbi en ville de Goma, pour réclamer la desserte en eau potable dans leur entité.

Munis des calicots, des bidons vides et des mégaphones, ces habitants visiblement en colère sont partis de Virunga jusqu’au bureau de la Regideso en passant par les rond-points Cigners, Tschukudu et des banques en plein centre ville de Goma au Nord-Kivu.

« Depuis plus de deux mois, l’eau ne coule plus dans nos robinets. Nous souffrons beaucoup. Et pour nous les femmes, c’est encore pire. Imaginez, nous avons besoin de l’eau potable pour faire notre bain intime, pour faire la vaisselle, pour entretenir nos latrines et lessiver nos habits. Mais rien de ces opérations ne se réalise faute d’eau… » s’est lamentée Madame Rachel MULULU Kisonia, habitante de Virunga et une des manifestantes.

À la Regideso où les manifestants ont été reçus par le directeur provincial et quelques membres de son cabinet, un échange franc précédé de la lecture du mémorandum a été tenu.

Il a alors été question en ce moment pour le directeur provincial de cette entreprise publique, de reconnaître les revendications des manifestants exprimées ce jour, pour réclamer ce qui leur est de droit : l’accès à l’eau potable.

Son échange a alors surtout pris en compte les recommandations couchées dans le mémorandum des manifestants.
Parmi ces recommandations l’on note par exemple : la suppression par la Regideso du système de distribution d’eau par les camions citernes, le remplacement de la tuyauterie vétuste par une tuyauterie récente, la facturation non forfaitaire et sous contrôle du compteur, de l’eau consommée par les abonnés; l’entretien d’une communication lucide et permanente entre la Regideso et la population, la desserte de la population en eau en suffisance et de façon permanente et régulière…

Mise en garde sévère…

Dans le même mémorandum, les manifestants ont par la suite mis en garde les responsables de la Regideso.

« Nous demandons à la Regideso de résoudre urgemment ce problème de manque d’eau. Sinon, tous les cas de noyade, des maladies hydriques, des violences sexuelles,… dont sera la population suite à la cherche de l’eau, vous la Regideso en serez responsable ! Et nous, en tant que population, nous saisirons la justice contre vous !… » ont mis sévèrement en garde la Regideso les populations, par le biais du lecteur du mémorandum, Monsieur Semuhanya.

La Regideso baisse les tensions…

« Réclamer l’eau, c’est votre plein droit et la constitution vous le garentie en son article 48… », a répondu aux manifestants, le directeur de la Regideso, Monsieur David ANGOYO.

Il a ensuite expliqué les raisons des coupures recurentes d’eau à travers la ville. « Nous faisons face à un déficit de réservoirs, d’énergie électrique, et le comportement de certains abonnés qui ne s’acquittent pas, nous fait défaut.. » a-t-il expliqué. Mais sinon, poursuit-il, »nous nous battons pour que l’eau vous arrive, même avec des moyens de bord… »

Le directeur a en plus fait savoir, qu’une desserte en eau potable en quantité, est aussi dictée par la disponibilité des moyens conséquents.  « Sans argent, sans moyens, il est difficile de répondre aux besoins en eau de la population… », a-t-il précisé.

Pénurie d’eau…Manque de volonté ou des moyens ?

En dépit des explications du directeur, certains manifestants n’ont pas cru. Ils brandissent ce qu’ils qualifient de manque de volonté de la part de la Regideso à fournir de l’eau à la population.

« Les 11, 12, et 13ème jours, l’eau coule toujours dans les robinets. Et le 15, le service de la Regideso nous arrive avec des factures. Nous avons compris que c’est devenu une routine. Il est souvent question de mettre le client en confiance, pour qu’il ait le courage de payer la facture, qui est souvent aussi forfaitaire… Et pourquoi la Regideso ne nous envoie de l’eau qu’à quelques jours du recouvrement ? » regrette et s’interroge Kamabu YOBU, femme visiblement déçue.

« Ça dénote donc un manque de volonté, ce fait que l’on ne nous serve pas en eau.. » ajoute-t-elle encore une fois.
Et à Rachel de la soutenir : « nous avons déjà mené des enquêtes. Les tuyaux ne sont pas bouchés, mais l’eau ne nous parvient toujours pas… c’est donc un manque de volonté comme l’a si bien dit mon amie d’en face… »

Et pour répondre, la démographie s’invite…

« La ville de Goma connait une croissance démographique du jour au lendemain. Et les ouvrages que nous avons rencontrés, ne répondent plus aux besoins de la population, car celle-ci est croissante. Et c’est donc normal que vous puissiez vous plaindre dans ce sens. Pour essayer de repartir la quantité dont nous disposons, nous la distribuons par le système de rationnement. Et là, on dessert les populations par quartier ou entité. Raison pour laquelle, vous trouverez à Majengo, les gens puiser de l’eau, alors que côté Virunga les autres chôment !... » a expliqué David ANGOYO.

Il faut donc des solutions durables…

La solution au problème d’eau à Goma et dans d’autres villes du Nord-Kivu, doit donc être pensée, de façon à prendre en compte les projections de croissance démographique des années à venir… et c’est d’ailleurs pourquoi, le Nord-Kivu dispose désormais d’un « plan directeur » de desserte en eau potable.
« C’est un plan qui prend en compte les questions de projection démographique. Il prend également en compte les villes de Beni-Butembo… », a précisé le directeur avant de chuter par une désolation :

« Le secteur de l’eau en RDC n’attire pas les investisseurs, car il est peu rentable. Nombreux investisseurs sont souvent intéressés par le secteur des mines, qui leur rapportent directement et suffisamment d’argents… Voilà, ce qui nous affecte malheureusement… » a-t-il conclu.

Croissance démographique, pression démographique dans et autour de la ville de Goma suite à l’afflux massif des populations fouillant la guerre dans les territoires de Rutshuru et du Nyiragongo, les infrastructures hydriques de Goma ont du mal à supporter la charge. Et les conséquences sur la population sont irrémédiables, qu’il est donc urgent, que les stratèges en aménagement du territoire et les urbanistes s’y penchent, sinon le problème restera existentiel et pérenne et les citoyens ne feront qu’en payer le prix.

John TSONGO Goma-RDC

Commémoration de St François des sales, patron des journalistes: la presse de Goma conscientisée sur ses responsabilités actuelles

C’est à travers un atelier d’échanges ce mardi 24 janvier 2023 réunissant les journalistes, les communicateurs et étudiants en communication, qu’a été célébrée à Goma la fête de Saint François des sales, patron des journalistes, et communicateurs; sous le thème « l’Éthique des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication(NTIC) ».

Organisée par la Délégation Salesienne « Saint Joseph » AFC-EST, à travers sa commission de la communication sociale en collaboration avec son magazine JAMBO VIJANA, l’activité a connu trois orateurs ayant développé chacun un sous-thème.

Dans le premier panel axé sur « l’Éthique des Nouvelles ouvelles Technologies de l’Information et l Communication » développé par Monsieur Hilaire Maheshe, enseignant à l’Université Catholique la Sampientia; celui-ci a démontré comment les technologies de l’information et la communication évoluent assez rapidement par rapport à l’éducation de la masse sur le bon usage de ces dernières; ce qui constitue, selon lui, une véritable arme à destruction massive au sein de notre société; détruisant notre culture au profit d’une culture étrangère.

Pour palier à ce problème, Hilaire Maheshe a formulé trois recommandations dont :

« –la création d’un organe effectif de régulation des médias et du code de déontologie, au besoin un organe qui attribuerait à l’ordre des journalistes;
-instituer des prestations de serment, de manière officiel, pour ceux qui seront admis par l’ordre des journalistes;
-et enfin promouvoir notre image, parler de notre culture et non parler de ce qui se passe ailleurs. Se focaliser sur la proximité en en lieu et place des publireportages ».

Dans le panel suivant axé sur les « moyens de communication, atouts et défis », Monsieur Bony Maheshe, du journal « Jambo Vijana » a insisté sur la responsabilité sociale du journaliste à l’ere du numérique, l’appelant à prendre conscience de l’impact des informations qu’il diffuse au sein de la société.

« Avant partager une information il y a lieu de se demander si c’est utile de le faire, si ça ne va pas attiser le feu… » a-t-il souligné.

Si on exerce correctement, a-t-il témoigné aux jeunes journalistes, partant de son expérience; on se crée une dignité, on a le respect et une grande considération au sein de la société et surtout de l’estime face à des hautes personnalités.

Pour sa part Monsieur Tuver Wundi, de l’ONG JED/Nord-Kivu, qui a animé un panel sur « l’impact de la Communication environnementale au bien-être social », a appelé les journalistes à se soucier des questions environnementales, les appelants à l’éducation de la population sur les enjeux actuels autour de ces questions.

Nous devons quitté, a-t-il souligné, d’une communication plaintive à une communication communication qui non seulement informe, mais également « influence et incite à agir »,… une communication qui propose des solutions au lieu de présenter toujours des problèmes.

Notons que les participants à cet atelier ont reçu, chacun un livret de la lettre apostolique « Totum amoris est », du Saint-Père le pape François, pour le quatrième centenaire de la mort de Saint François de Sales, datée du 28 décembre 2022, dans laquelle le Pape s’interroge sur l’héritage de l’evêque de Genève.

Emmanuel Barhebwa