Nyiragongo : La période pluvieuse transforme en calvaire la vie des deplacés de guerre

Pourtant attendue par nombreuses populations, surtout les agriculteurs, la période pluvieuse n’est pas la bienvenue pour les déplacés de guerre, cantonnés depuis plus d’une année dans des maisonnettes en bâches et en sachets en territoire de Nyiragongo.

Quand il pleut, on assiste à la dégradation de cabanes qui leurs servent d’abris, et très souvent les eaux de pluie débordent jusqu’à atteindre les lieux où des personnes passent la nuit.

Cette situation n’a laissé indifférente la société civile Forces Vives de la place, qui dans un communiqué rendu public en début de semaine, a alerté l’opinion nationale et internationale sur les risques des maladies et de plusieurs autres problèmes auxquels sont exposés ces compatriotes en cette période pluvieuse.

Pour rappel c’est depuis plusieurs mois que différents présidents des sites de campement de déplacés ont lancé des cris d’alarme auprès des autorités congolaises traçant une situation sanitaire et humanitaire très critiques dans ces sites, malgré les efforts de quelques organisations humanitaires et de personnes de bonne volonté.

Richard Kubuya

Masisi : Montée en cascade de cas diarrhée dans le camp des déplacés de BIHITO

Plusieurs cas de diarrhée touchent les déplacés du camp BIHITO de la notabilité portant le même nom dans la localité de Kalinga groupement Biiri en Territoire de Masisi.

Plusieurs sources sur place l’ont confirmé à KivuNyota ce jeudi 14 septembre, soupçonnant l’eau que consomment plusieurs locataires de ce camp, l’insuffisance des latrines et la mauvaise alimentation, comme principale cause de cette maladie très contagieuse, qui fait déjà des morts dans ce site.

Selon certains déplacés qui confirment le décès de trois de leurs collègues à la suite de cette épidémie, pour empêcher l’expansion de la diarrhée dans ce lieu, le comité qui gère le camp doit amplifier les plaidoyers sanitaires et renforcer des mécanismes de purification de l’eau puisée dans une cours d’eau proche de ce lieu.

Interrogé à ce sujet, Semubabo Djimy chargé du département Wash dans le camp BIHITO atteste les propos de ces déplacés et ajoute qu’en un mois, au moins 18 cas de cette épidémie sont identifiés dans ce site.

Pour mettre fin hâtivement à cette maladie, celui-ci indique que des sensibilisations ont été amorcées depuis un temps mais le défis reste situé au niveau de l’insuffisance des latrines.

« Il y a 11 latrines et 17 blocs.Vous allez voir 3blocs utilisant une seule toilettes et celle-ci va être remplie dans une semaine. Beaucoup de toilettes sont remplies et nous les avons déjà fermé. Donc la diarrhée est causée par l’insuffisance des toilettes dans ce camp.Nous sensibilisons les gens pour qu’ils gardent la propreté derrière leurs maisonnettes en torchonant à tout moment les toilettes et les toilettes proches des ménages nous y introduisons des médicaments. »indique-t-il.

Et d’ajouter : « Les enfants, les femmes et vieux sont tous touchés par la diarrhée.
Nous les conduisons à kitsule pour qu’ils soient soignés, et en cas de complications nous les transferons à Masisi ».

C’est depuis environ six mois que les premiers cas de diarrhée ont été enregistrés dans ce site des déplacés peuplés par des centaines de ménages.

Lee Sadiki Kajibwami, à Masisi

Nord-Kivu-Éducation : Les rares enfants sinistrés du Nyiragongo qui étudient, n’ont pas de fournitures scolaires

À 10 jours environ, après la rentrée scolaire des élèves et écoliers sur toute l’étendue de la République Démocratique du Congo, seuls 57% d’enfants des parents sinistrés de la dernière éruption du volcan Nyiragongo en mai 2021, ont déjà repris le chemin de l’école.

Selon les statistiques fournies par le Programme d’Accompagnement pour la Reintegration des Sinistrés du volcan Nyiragongo (PARIS), ces enfants reprennent cours avec beaucoup de difficultés, dont le manque de fournitures scolaires ou encore avec des tenues/uniformes déchiquetés, pour ne citer que cela parmi tant d’autres soucis…

Rocherrau KIGHOMA, secrétaire exécutif de PARIS, a fait ce constat lors d’une ronde effectuée ce lundi 11 septembre 2023, dans les écoles du Territoire de Nyiragongo qui ont accueilli ces enfants:

« Il y a eu 57% de rentrées scolaire pour nos enfants. Ce qui n’est pas fameux. Lundi dernier nous avons fait la ronde des écoles où étudient certains de nos enfants pour prendre le thermomètre de notre situation et le constat est amer. Ces enfants qui sont rentrés à l’école sont remarquables parmi les autres. Soit ils portent leurs petits cahiers à la main, d’autres portent des vêtements déchiquetés, très maladroits et d’autres encore sont sans souliers » nous a-t-il confié.

Il a poursuivi qu’en termes de fournitures les enfants n’ont que deux ou trois cahiers comme leurs seuls objets classiques, « franchement c’est une situation très complexe et on ne sait pas si ça devrait continuer ainsi pour combien de temps… »

Rocherrau KIGHOMA, dans le l’exercice de ses responsabilités, de veilleur aux sinistrés, plaide auprès du Gouvernement Congolais et ses partenaires humanitaires ou encore aux honorables et à tout sympathisant; de venir en aide à ces enfants dont les parents ne sont pas en mesure de prendre en charge, pour sauver leurs éducation.

Signalons que le programme d’accompagnement pour la réintégration des sinistrés (PARIS) à été lancé deux jours après l’éruption de 2021 par les sinistrés. Il couvre aujourd’hui 17 villages et plus de 429 ménages.

Silva KANDUKI