La guerre qui oppose depuis maintenant deux ans les Forces Armées de la RDC et l’Armée rwandaise sous couvert du M23 continue à prendre une allure plus inquiétante au fil du temps. La récurrence des bombardements dans les zones densément peuplées, voire dans les sites de refuge des milliers de déplacés, en serait la preuve.
Après Sake, Goma, Shasha, Bweremana, les eaux du lac Kivu et plusieurs autres entités du Nord-Kivu, la cité de Minova en province du Sud-Kivu a aussi été ciblée par des bombes la journée de ce mercredi 20 mars 2024.
Le bilan provisoire de cet énième cas, selon la société civile, fait état jusqu’ici d’une personne tuée et plusieurs autres blessés.
Comme dans des précédents cas, les rebelles du M23 soutenus par l’armée rwandaise sont pointés du doigt comme auteurs de ce crime de guerre, bien que l’Armée Congolaise n’ait pas encore réagi.
Un phénomène qui se normalise
Les jours se succèdent et ce phénomène se poursuit.
Le nombre de civils innocents touchés par les éclats des bombes, quant à lui, ne fait que grimper.
Les communications des autorités, ou encore celles des organisations de défense des droits de l’homme et de la communauté internationale autour de ces cas se raréfient ou du moins ne sont plus spontanées.
Ce qui peut pousser à conclure que ce phénomène tend à devenir, aux yeux des autorités compétentes et à ceux de la communauté internationale, un phénomène normal.
Cela, malgré la portée des effets néfastes qu’il provoque chez les victimes.
Un crime de guerre banalisé ?
Plusieurs textes internationaux donnent des nombreuses définitions à un crime de guerre, et la plus simple parmi elles c’est « le fait de diriger intentionnellement des attaques contre la population civile ».
Selon ces mêmes textes, chaque crime de guerre devrait faire objet des sanctions contre les auteurs, après des préalables enquêtes.
Or dans le cas précis du Nord-Kivu, où depuis le début de la guerre, l’on assiste à des largages récurrents de bombes dans les zones densément peuplés, l’on constate malheureusement qu’aucune enquête n’est lancée pour sanctionner les probables coupables.
Aussi, constate-t-on, les communiqués pour, ne serait-ce que condamner ces actes barbares et apporter les soutiens aux victimes deviennent rares.
Ce qui crée chez plusieurs populations de ces zones un sentiment d’abandon.
Autrement-dit la population ne sait plus à quel saint se vouer, et vit la peur au ventre car ne sachant pas quelle entité pourrait être la cible de la prochaine bombe.
À ce jour, on peut estimer à plus d’une vingtaine de civils tués par des bombes au Nord-Kivu, au cours de ces deux derniers mois et plusieurs personnes devenues handicapés physiques pour avoir été touchées par des éclats de bombes, sans compter le nombre de familles traumatisées.
D’où la nécessité de se pencher sur cette question pour arrêter au plus vite cette barbarie.
Emmanuel Barhebwa