Débat sur le Changement de la Constitution en RDC: Acteurs politiques et jeunes de Goma évaluent l’impact social d’un tel projet

C’est sous la facilitation de l’organisation CONGO PEACE NETWORK (CPN) qu’ont été organisés ce jeudi 14 novembre à Goma des échanges entre acteurs politiques et jeunes du milieu sur la question qui fait débat actuellement en RDC, relative au Changement de la Constitution.

« Modification, révision ou changement de la constitution : Quelle nécessité pour
la paix, la démocratie et le développement de la RDC »
c’est le thème choisi pour cette conférence-débat à laquelle ont pris part deux acteurs politiques du Nord-Kivu, l’un de la majorité au pouvoir soutenant le changement de la constitution, et l’autre de l’opposition contestant catégoriquement cette initiative.

Pour l’organisateur, l’objectif de cette initiative, qui rentre dans le cadre du programme « À vous la parole », est pédagogique.
« Nous voulons, à travers cette conférence-débat, participer à l’éducation civique de la population, l’amener à comprendre les enjeux de cette révision constitutionnelle et à avoir des arguments face à ce débat qui divise actuellement la classe politique au pays » a expliqué Joseph Katusele, responsable de la communication au sein de Congo Peace Network.

La constitution actuelle doit absolument être changée, soutient Adalbert Kiyenge

Porte-parole de l’Union Sacrée de la Nation au Nord-Kivu, cet acteur politique estime que pour avoir été rédigé par les belligérants et à une époque des fortes tensions dans le pays, la Constitution Congolaise n’est plus adaptée aux réalités actuelles du pays et doit absolument être changée.

« C’est une constitution issue de la belligérance de l’époque, quand il fallait résoudre les problèmes du RCD avec le Gouvernement Congolais. Ce sont des rebelles qui s’étaient réunis à Sun City pour nous donner cette constitution. Et nous avons été contraints de voter pour elle à l’époque afin de chercher la paix et mettre fin à la guerre. » a-t-il argumenté.

Celui-ci estime que « comme aujourd’hui la démocratie est déjà en marche avec un président élu et des institutions qui fonctionnent normalement, nous pouvons maintenant nous prendre en charge et mettre en place une constitution qui répond aux aspirations du peuple ».

Face aux accusations selon lesquelles cette démarche vise tout simplement à éterniser le régime en place au pouvoir, Adalbert Kiyenge dit ne pas être d’accord avec cette idée et affirme que le projet de changement de la constitution prôné par le pouvoir en place, vise plus l’intérêt de la population et n’a rien à avoir avec l’augmentation d’un troisième mandat à l’actuel président de la RDC.

Le problème actuel de la RDC n’est pas la constitution(Espoir Ngalukiye)

Membre du parti politique Ensemble pour le Changement, parti de l’opposition congolaise, Espoir Ngalukiye estime que les problèmes que connaît la RDC actuellement ne trouvent pas leurs sources dans la constitution.

Selon lui, « les problèmes d’insécurité, de corruption, de détournements des deniers publics, les problèmes de l’éducation, de la santé, et tous ce que nous connaissons aujourd’hui viennent plutôt du non-respect de la constitution ».

Si la constitution était respectée, pense-t-il, on n’aurait pas tous ces problèmes.

« Pour nous, au lieu de changer ou de modifier la constitution actuellement, nous pensons plutôt que nous devons la respecter. Le Gouvernement Congolais, le président de la République et toutes les institutions doivent d’abord respecter la constitution avant de penser qu’ils peuvent la modifier… » souligne Espoir Ngalukiye.

Il estime que changer la constitution aujourd’hui, « c’est uniquement mettre le tapis pour que Tshisekedi reste au pouvoir ».

Les participants apprécient le débat et prennent bonne note…

« Ce que j’ai aimé dans ces échanges c’est le fait que dans les deux tendances que nous avons suivis, notamment ceux-là qui veulent le changement de la constitution et ceux-là qui s’y opposent; nous avons trouvé que tous, selon leurs dires, cherchent l’intérêt supérieur du peuple. Et c’est ce qui est important » a indiqué Josué Ntikala Okapi, jeune de Goma ayant pris part à ce débat.’.

« Ça sera maintenant à nous de trancher et de prendre la bonne part »poursuit-il, tout en saluant les initiateurs de ces échanges qui permettront, selon lui, à la population d’analyser et de voir où se situe son intérêt « étant donné que toute la classe politique veut faire croire qu’elle plaide en sa faveur ».

Des activités similaires vont être organisées dans les jours à venir, ont précisé les responsables de Congo Peace Network, pour intensifier l’éducation civique et l’engagement de la population dans le processus de recherche de la paix et de développement de leur région.

Emmanuel Barhebwa