Initié par l’Université de Goma à travers ses projets VADECH(Valorisation des Déchets) et RICAR(Programme de Renforcement des Capacités de Recherche en Sciences Sociales en Afrique francophone) ce cadre d’échange offert aux chercheurs locaux et étrangers, étudiants, entrepreneurs et représentants des autorités locales, s’étendra sur deux journées scientifiques soit du 02 au 03 décembre 2024 à Goma, autour du thème « Valorisation des déchets plastiques dans le bassin du Congo: Dynamique socioculturelle et technologiques de l’environnement ».
Ouvertes par les discours des organisateurs et des officiels de la province, les activités de cette première journée ont été marquées par la présentation de l’état des lieux de la gestion des déchets en RDC, avec un constat malheureux sur une quasi-inexistence de projets de valorisation des déchets dans plusieurs villes du pays.
Dans son intervention, le professeur Juste Yamoneka, responsable du projet VADECH a déploré le fait que la région du bassin du Congo étendu sur six pays d’Afrique, qui produit des milliers de tonnes de déchets par jour, n’arrive même pas à recycler la moitié de ces déchets.
Celui-ci note la faible implication des gouvernants et des chercheurs dans les questions de valorisation des déchets, justifiée par « la rareté des recherches scientifiques s’inscrivant dans le cadre de la transformation des déchets en richesse et en produits utiles ».
Se référant à la situation des villes de la RDC, Juste Yamoneka fait savoir qu’au lieu d’être recyclés, plusieurs déchets sont jetés ça et là dans les villes comme Goma et Bukavu « et surtout Kinshasa » et constituent déjà un problème environnemental et sanitaire.
De son côté Monsieur Alex Lina, professeur d’universités et responsable du Bureau d’Études du projet d’assainissement à la mairie de Bukavu, note que dans son entité les statistiques sont alarmantes au sujet de la gestion des déchets plastiques et de leur transformation.
« En ville de Bukavu, près de 898 tonnes de déchets sont produits par jour. De ces 898 tonnes, une seule est récupérée par les associations qui font le recyclage, 62 tonnes sont collectées et transportées jusqu’au niveau d’une décharge, encore qu’à Bukavu nous n’avons qu’une décharge privée (la decharge de Musigiko) et aucune décharge officielle; Il y a 835 tonnes de déchets qui restent chaque jour au niveau de la ville, et avec la géomorphologie du relief de la ville de Bukavu tous ces déchets sont acheminés directement, lors des pluies, au niveau du lac Kivu, ce qui n’est pas une bonne chose » a-t-il déclaré.
Alex Lina exhorte ainsi les chercheurs et les étudiants à s’intéresser au secteur de la valorisation des déchets pour non seulement créer plus d’emplois et générer des recettes, mais aussi participer à la protection de l’environnement et la préservation de la vie humaine.
Des interventions similaires ont été évoquées en visioconférence et en présentiel par d’autres chercheurs démontrant l’importance de sensibiliser les communautés à s’investir dans la valorisation de déchets plastiques pour transformer le danger environnemental en opportunité d’affaires.
La Division Provinciale de l’Environnement et Développement durable au Nord-Kivu a, quant a elle, salué l’initiative de l’UNIGOM, assurant de l’engagement et de la détermination de ses services à appuyer toutes les résolutions qui ressortiront des travaux de ces deux journées scientifiques.
Baudoin Kltuma Munganga , secrétaire administratif au sein de la Division de l’environnement promet de mettre à la disposition des chercheurs « toutes les stratégies et outils nécessaires pouvant les aider à atteindre leurs objectifs ».
Il faut dire que les entrepreneurs locaux œuvrant dans la valorisation des déchets saisissent l’occasion de ces journées scientifiques pour exposer leurs différents produits issus du recyclage des déchets à Goma.
Emmanuel Barhebwa