Le Vice-premier Ministre et Ministre Congolais de l’intérieur, sécurité et Affaires Coutumieres, était face à la presse mercredi 06 septembre 2023 pour un briefing, animé conjointement avec son collègue de la communication et Médias.
Il était question, selon l’esprit de cette Communication, de faire le point de la situation autour des tristes évènements survenus en ville de Goma le 30 août 2023, liés à la répression sanglante d’une manifestation de la secte messianique Uwezo wa neno/Wazalendo ayant coûté la vie à plusieurs civils.
Parmi les nouvelles révélations, issues de la Mission qu’il vient d’effectuer à l’Est du pays autour de la question, Peter Kazadi a indiqué, parlant du bilan, que le nombre des victimes a été revu à la hausse et que la situation peut se détériorer à tout moment.
« Concernant le bilan le jour où nous avons quitté Goma (Mardi), on avait dénombré 51 cas de décès. Il y a également des gens qui sont hospitalisés, donc la situation peut se détériorer à tout moment, raison pour laquelle le Gouvernement a décidé de suivre les soins de toutes ces personnes blessées« , a-t-il dit au cours de ce briefing avec la presse.
Les familles des victimes ont été appelées à identifier les leurs dans les hôpitaux, a-t-il ajouté.
« Nous avons demandé aux familles des victimes de venir se faire enregistrer, nous avons constaté que certains corps n’avaient pas de familles. On nous dira qu’il y a des gens qui sont venus d’ailleurs, qui sont venus passer la nuit dans l’église afin de marcher ensemble le 30 août », a confié Peter Kazadi qui précise que « le gourou de cette église est venu du Sud-Kivu ».
Que s’est-il réellement passé ?
Pour le VPM de l’intérieur, ce qui a poussé à la mobilisation des troupes le jour la manifestation des adeptes Wazalendu, c’est l’attitude des forces de défense du Rwanda.
« Lorsque la secte wazalendo annonce sa marche du 30 août, les forces spéciales Rwandaises se sont déployées sur la grande et petite barrière entre la RDC et le Rwanda vers Goma, ce qui a davantage motivé nos services à monter le niveau de vigilance ».
Et de poursuivre: « La secte a capturé un membre de la PNC qu’elle a ramené dans son église, les militaires qui étaient en train de faire la marche de dissuasion ont été informés qu’on venait de ravir un policier, ils sont allés pour chercher le policier capturé par les membres de cette secte et à l’occasion, il y a eu des dérapages que nous déplorons. C’est ça le fait »
Qui a donné l’ordre de tirer sur des civils
À cette question, qui suscite des agitations au sein de l’opinion publique actuellement, le Porte-parole du Gouvernement a semblé se réserver , déchargeant les autorités en place.
« Peut-être qu’il y a eu une erreur d’appréciation. N’ayant pas tous les renseignements sur ce qui se cachait derrière dans le siège de l’église, les intentions violentes étaient connues, elles étaient préméditées, il y avait lieu d’essayer de pallier à toute cette éventualité. Je ne pense pas qu’il y avait un ordre qui serait venu de quelque part qui dit qu’il fallait tirer sur la population » a réagi Patrick Muyaya, Ministre de la Communication et Médias et porte-parole du Gouvernement.
Et d’ajouter : « Il s’agit d’un dérapage, un incident, il faut également comprendre qu’il y a des laboratoires qui veulent voir le noir. Lorsqu’un militaire américain, prend son fusil et tire une dizaine de personnes dans un camp ou dans une école, je n’entends pas des gens dire qu’il a reçu un ordre quelconque pour un cas de dérapage ».
L’occasion a été également d’apporter de la lumière sur un probable remplacement du Gouverneur Ndima Constant à la tête du Nord-Kivu:
« Il n’y a aucun acte à ce jour qui a demis le Gouverneur [du Nord-Kivu,Ndlr] de ses fonctions, il est rappelé administrativement à Kinshasa pour être consulté… J’informe à l’opinion, on a pas nommé un autre gouverneur, l’intérim est assuré par le Vice-gouverneur » a précisé Peter Kazadi.
Au sujet des responsabilités des uns et des autres, celui-ci souligne que les organisateurs doivent être jugés autant que les militaires.
« l’État de siège interdit toutes manifestations publiques de cette ampleur là, rien qu’avec ça on devait clore le débat. Ils ont marché contre la loi, ils sont à la base de ce qui se passait ce que vous avez appelé boucherie humaine. Pour cela ils doivent aussi être jugés autant que des militaires qui ont dérapé, c’est ce qu’on appelle aussi état de droit et la justice« , a souligné Peter Kazadi.
Pour rappel, la ville de Goma a connu en date du 30 août 2023 un évènement inédit.
En effet, en cette date, qui avait été précédée d’un appel à une manifestation pacifique par un certain Éphrem Bisimwa, chef de la secte religieuse des Wazalendo, a été marquée par des tueries massives des populations civiles par les Forces de défense et de sécurité et des nombreuses violences des droits humains.
La marche avait été initiée, pour réclamer le départ de la MONUSCO et protester contre l’impérialisme en Afrique, à en croire la communication de son organisateur.
À la suite de ces manifestations, la Justice Militaire s’est saisie du dossier et a entamé les auditions de six premiers suspects au sein de l’Armée, dont deux officiers hauts gradés. Ils sont accusées de crimes contre l’humanité, de destruction volontaire, et d’incitation de militaires à commettre des actes contraires à la discipline.
D’aucuns parmi les observateurs ici à Goma, estiment que ce dossier doit être traité avec la plus grande rigueur de la part des autorités, pour rétablir la confiance entre la population locale et son Armée, sans laquelle la sécurité nationale est mise en mal.
Emmanuel Barhebwa