« Élections 2023 : L’Exclusion des Territoires de Rutshuru et Masisi Interroge sur le Sort des Enrôlés »

La situation électorale dans la région de Goma prend une tournure complexe avec la présence de déplacés de guerre, principalement en provenance des territoires de Rutshuru et de Masisi. Alors que leur espoir de participer aux élections du 20 décembre 2023 persiste, la réalité politique les confronte à une exclusion inattendue.

Un Enrôlement dans l’Incertitude

De nombreux déplacés, contraints de quitter leurs territoires d’origine en raison de la situation sécuritaire volatile et de l’agression rwandaise, se sont fait enrôler dans les centres de refuge près de Goma. Cependant, une ombre plane sur leur participation aux élections à venir, car leurs territoires ne sont pas inclus dans le processus électoral en raison de problèmes sécuritaires persistants.

Un Optimisme Fragile

Malgré cette exclusion, certains déplacés demeurent optimistes quant à leur participation aux élections. « Nous sommes déjà enrôlés. Personnellement, je suis prêt à aller aux urnes pour voter le Président de la République, en attendant le retour de la paix pour élire les députés », affirme un déplacé rencontré à Kanyarucyna. Un espoir qui reflète la volonté persistante de participer à la vie démocratique du pays.

Détermination à Voter Malgré Tout

Une autre fraction de déplacés partage cette détermination. « Personnellement, je suis prête à aller aux urnes ce 20 décembre pour voter le président », déclare une résidente, un sentiment partagé par plusieurs autres. « J’irai voter le 20 décembre. J’ai déjà ma carte. Ceux qui n’ont pas été enrôlés, n’iront pas voter », ajoute-t-elle avec conviction.

L’Indignation de la Société Civile

Jean-Claude Mbabaze de la société civile du territoire de Rutshuru, l’un des deux territoires exclus, exprime son indignation face à cette exclusion. Il souligne que cette décision privera ces entités d’avoir des représentants dans les institutions parlementaires, appelant le gouvernement à restaurer rapidement la paix dans les territoires de Masisi et de Rutshuru.

Un Appel à la Patience

Alors que l’exclusion persiste, il est rappelé que dès que la situation sécuritaire redeviendra normale, des élections seront organisées dans les territoires de Masisi et de Rutshuru au Nord-Kivu, ainsi que dans Kwamouth, Maï-Ndombe. Les électeurs de ces régions sont appelés à faire preuve de patience, en attendant que la normalité revienne pour exprimer leur voix démocratique.

Patrick BASSHAM

Election 2023 : Les Enfants, Pions Involontaires dans la Course Électorale à Goma

Depuis le début de la campagne électorale le 19 novembre dernier à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu en République démocratique du Congo, une pratique dénoncée par les défenseurs des droits de l’enfant suscite l’indignation. Des candidats à différents niveaux du scrutin du 20 décembre 2023 ont recours à l’utilisation d’enfants dans la distribution de photos et de flyers, une stratégie jugée inacceptable par plusieurs acteurs engagés dans la protection de la jeunesse.

Le constat a été dressé par des journalistes travaillant dans le cadre du journal de la synergie « Spéciales élections 2023 », sous la direction de l’Union nationale de la presse du Congo, section provinciale. Bien que cette pratique soit devenue récurrente, elle est fermement critiquée par les défenseurs des droits de l’enfant.

Justin Vuguvugu, membre de la section Child protection de la Monusco, qualifie cette utilisation d’enfants dans le cadre politique de violation flagrante des droits reconnus à l’enfant. Il exhorte les acteurs politiques à ne pas impliquer cette catégorie d’âge dans leurs activités électorales, rappelant que « les enfants de moins de 18 ans ne sont pas concernés par les élections ». Il insiste sur la nécessité d’éduquer les enfants sur les élections au lieu de les utiliser ou les manipuler.

Le Parlement d’enfants de la zone Est réagit avec fermeté à cette pratique. Pour cette structure, l’utilisation des enfants à des fins politiques est un « crime » au même titre que toute autre forme d’exploitation. Elle estime que cette stratégie adoptée par certains candidats pour transmettre leurs messages de campagne est contraire à l’esprit de l’article 57 de la loi portant protection de l’enfant du 10 janvier 2009. Cet article interdit toute forme d’exploitation et de violence à l’égard des enfants.

Il est à noter que cette exploitation des enfants, que ce soit par l’affichage de leurs photos ou leur implication dans la distribution de matériel de campagne, a été observée à plusieurs endroits depuis le début de la campagne électorale en République démocratique du Congo. Cette pratique soulève des préoccupations majeures quant au respect des droits fondamentaux de la jeunesse dans le contexte politique du pays.

Patrick BASSHAM