Guerre au Nord-Kivu: Malgré son interdiction par le maire, la marche dite « de la libération » a bel et bien eu lieu à Goma

Plusieurs jeunes activistes des mouvements citoyens et groupes de pression étaient dans la rue ce lundi 19 février 2024 à Goma.
Déterminés à se rendre jusqu’à Sake à pied (27km de Goma) pour faire passer se confronter directement aux rebelles du M23, ces derniers ont finalement jugé bon de s’arrêter à Mugunga, à l’ouest de la ville de Goma, sur recommandation de leurs leaders et des autorités, pour des raisons sécuritaires.

Qu’à cela ne tienne, ces derniers se réjouissent d’avoir fait passer leur message à la communauté internationale, pour avoir notamment brûlé devant les caméras, et à ciel ouvert, les drapeaux de l’Union Européenne UE, des États-Unis (USA), de la France et du Rwanda; une façon pour eux de dénoncer la « Complicité de la communauté internationale » dans cette guerre d’agression.

Partis du Rond-point Signers, ces manifestants ont fait une bonne dizaine de kilomètres à pied dans les rues de Goma scandant de chants hostiles à l’endroit des agresseurs de la RDC et de la communauté internationale et arborant des calicots contenant des messages de réclamation de la paix.

Ces manifestants ont promis d’organiser d’autres activités dans les très prochains jours, afin de « s’attaquer directement aux impérialistes présents dans la région », ont-ils déclaré.

La Rédaction

Guerre à l’Est: À leur tour, les forces vives du Sud-Kivu s’en prennent à la communauté internationale

C’est à l’issue des manifestations en plein centre-ville de Bukavu ce jeudi 15 février 2024, que ces Forces Vives de la Province du Sud-Kivu ont fait savoir leur mécontentement face l’attitude des uns et des autres face à cette guerre d’agression que subit la RDC, identifiant certains pays occidentaux comme complices au malheur actuel des congolais.

Dans leur déclaration où elles réitèrent leurs soutiens aux « vaillants résistants Wazalendo ainsi qu’aux vaillants soldats FARDC », les Forces Vives du Sud-Kivu dénoncent l’hypocrisie de certains pays dans cette guerre.

« Nous dénonçons pour la toute dernière fois le complot et l’hypocrisie de la Communauté internationale qui joue au sapeur pyromane en abusant de la patience et de la bonne fois des congolais. Particulièrement, nous dénonçons l’hypocrisie des USA, du Royaume-Uni, de la France, la Belgique et certains autres pays de l’Union Européenne qui changent de discours selon qu’ils sont à Kinshasa ou à Kigali pendant qu’ils soutiennent impunément le Rwanda et l’Ouganda dans la commission des crimes odieux contre les congolais et le pillage systématique des ressources naturelles congolaises » déclarent ces structures citoyennes.

À cet effet, celles-ci demandent au chef de l’État et au Gouvernement Centrale, à part « le retrait immédiat de notre pays dans l’EAC » ou encore « la fermeture des frontières avec le Rwanda et l’Ouganda « ; « la rupture des relations diplomatiques avec les USA, le Royaume-Uni, la France et les autres pays de l’UE impliqués dans l’holocauste oublié du Congo ».

Au Conseil de Sécurité des Nations-Unies, les Forces Vives du Sud-Kivu exigent non seulement des sanctions claires contre le Rwanda et l’Ouganda, mais aussi un embargo sur les armes ainsi que des poursuites contre les auteurs de crimes contre les congolais.
À défaut de cela, préviennent-elles, « nous allons désormais les prendre pour les ennemis aussi ».

Il faut dire que la province du Sud-Kivu dont le Chef-lieu Bukavu s’approvisionne suffisamment en nourriture à partir de Goma, reste l’une des provinces affectées par la détérioration de la situation sécuritaire au Nord-Kivu marquée depuis quelque temps par la coupure des trafics routiers par lequel Goma s’approvisionne.

Emmanuel Barhebwa

Goma: les premières réactions face à la mesure interdisant la fréquentation des collines pour la prière

Rendue publique ce mercredi 14 février 2024, la décision du maire de Goma suspendant la fréquentation de collines pour la prière et l’intercession, ne laisse pas indifférents certains intercesseurs et fidèles de la ville touristique, joints par KivuNyota.

Pour le pasteur Safari, un des responsables de l’Église Kisima Bethsaida,située au quartier Katindo, cette décision est capitale en raison de la situation sécuritaire actuelle, qui ne permet pas les attroupements dans les endroits isolés de la ville.

“Nous ne sommes pas contre cette décision de l’autorité urbaine. Dans cette période de guerre où des bombes tombent fréquemment autour et à l’intérieur de la ville, ce n’est pas prudent d’aller prier sur une colline. Je pense que le maire a pris cette mesure pour nous protéger. Nous allons instruire tous nos fidèles d’être prudents” a-t-il déclaré.

L’avis est partagé par Mme Safi (nom d’emprunt) qui fréquente de temps en temps une colline au niveau de CCLK pour la prière.

« Certes cette décision va nous pénaliser, nous qui fréquentons ces endroits pour la prière et surtout pour plus de concentrations et de connexions avec le Seigneur. Toutefois, vu que c’est pour des raisons sécuritaires qu’elle est prise, nous n’avons qu’à nous y conformer. Nous pouvons désormais prier à la maison, à l’église ou n’importe où pourvu que nous soyons en sécurité » a-t-elle révélé.

« Il faut des mesures d’accompagnement! », insiste pour sa part Jospin Bisimwa, habitant du quartier lac vert, qui révèle que ce n’est pas la première fois que cette mesure est prise mais elle est régulièrement violée.

À l’en croire, « à un moment donné,il y avait des soupçons selon lesquels des bandits se cacheraient dans une grosse roche sous forme de cage, derrière une montagne dans ce quartier où les gens venaient régulièrement prier« . D’où exhorte-t-il aux autorités de renforcer la surveillance à ces endroits.

Le Commissaire Supérieur KAPEND KAMAND Faustin, maire de Goma, a interdit à dater de ce mercredi 14 février la fréquentation des différentes collines de la ville pour la prière et l’intercession.

Cette décision est prise pour des raisons sécuritaires, peut-on lire dans une copie du communiqué officiel de l’autorité urbaine, parvenue à la rédaction de KivuNyota.

Depuis longtemps, plusieurs intercesseurs des églises à Goma fréquentent des collines autour de la ville pour, selon eux, se concentrer dans leur moment de prière.

Cette mesure du maire intervient après plusieurs cas d’insécurité persistante à proximité de la ville de Goma, et à une période où la ville fait face à des menaces des rebelles du M23.

David Ushindi

Guerre à l’Est : À Goma, la jeune artiste Colette Heshima se déchaîne via le texte « Une époque, une histoire » pour réclamer la paix

Àgée de 24 ans, Heshima Sadiki Collette, jeune étudiante en ville de Goma, en province du Nord-Kivu à l’Est de la RDC, souhaite joindre sa voix à celles de tous ses compatriotes souffrants pour attirer l’attention du monde par rapport aux atrocités qui se passent dans sa région. Elle a choisi sa poésie pour faire passer le message au monde entier, un message de tristesse et de regrets face à tout ce qui se passe dans cette partie de la RDC, et un message de réconfort à tous les victimes.

Dans ce texte qu’elle titre « Une époque une histoire », la jeune poètesse relate comment elle n’a pas connu la paix depuis sa naissance, puisque la période de guerre est supérieure à son âge.

Ici l’intégralité de ce poème.

Une époque, une histoire

Au cœur de notre époque, notre époque se nomme LA GUERRE ;

On dort et on se réveille avec des larmes pour notre pays qui ne s’est pas tenu debout depuis ma naissance,

Nos rêves flottent sans aucune direction ;

la souffrance est devenue notre quotidien ,

Nos yeux d’enfants ne se sont jamais ouverts
Car cette étape de vie a été bannie pour notre développement ;

Nos cœurs battent selon la haine qu’on respire à la place d’air,

Notre époque a des races, couleurs et tribus;

Plus jeunes que nous sommes on ne sait pas sur quel futur atterrir ; plus vieux qu’ils sont, ils aimeraient revenir un peu en arrière pour revivre leur époque moins douloureuse

Le rouge est devenu une couleur dominante, le bleu c’est du jamais vu,

O notre époque ; jusqu’à présent c’est la plus piquante,

C’est un lac profond où les valeurs africaines, surtout celles qui mettaient l’humanité à la première place, se noient sans espoir d’être prechées,

Même si le temps nous donne de l’espoir nos âmes elles, se noient dans le désespoir d’être rendu à n’importe quel moment.

Cette époque n’est pas celle rêvée par nos ancêtres,

Massacre par-ci massacre par-là que vont devenir nos enfants ? Où vont-ils vivre? La peur se nourrit du jour au lendemain dans nos cœurs,

Notre soif de paix ne devrait pas être un jeu du hasard,

nous sommes l’Est de la République Démocratique du Congo.

Par Heshima Sadiki Colette

Guerre du M23: Le calme est revenu à Sake mais la peur règne encore au sein de la population (témoignage)

Au lendemain des violents affrontements entre la coalition M23_RDF et l’armée congolaise soutenue par les Wazalendo près de Sake, le calme est revenu dans cette cité ce jeudi 08 février 2024, selon les quelques habitants qui sont restés dans la zone, après la fuite d’une bonne partie de la population vers Goma.

Selon ces mêmes sources contactées par KivuNyota, malgré la cessation des bruits des armes , les activités socioéconomiques peinent à reprendre suite à « la peur qui règne encore au sein de la population à cause de ce qu’ils ont vécu hier ».

« Nous nous sommes bien réveillés aujourd’hui. Les détonations d’armes ne sont plus entendues comme c’était le cas hier. Et ceux qui peuvent les entendre, c’est de loin que ça parvient à leurs oreilles. Au sujet des activités socioéconomiques, nous pouvons dire que rien n’a encore repris jusqu’à présent puisque ceux qui se sont déplacés sont très nombreux. On peut même les estimer à 90% de la population locale. La zone est presque vidée des habitants. Et en vrai dire, Il fallait avoir un cœur dur pour rester ici, après les détonations d’armes que nous entendions et les dégâts causés par les bombes larguées ici. » témoigne notre source qui a préféré gardé l’anonymat.

Et de poursuivre :  » Pour l’instant certains parmi ceux qui se sont déplacés vers Mugunga et dans les périphéries de Goma,sont en train de revenir pour vérifier la situation, mais on ne peut pas encore parler jusqu’à présent d’un mouvement de retour de la population. Tout le monde a encore peur, parce que rien n’est encore rassurant… « 

La population de Sake s’est déplacée en masse toute la journée de ce mercredi 07 février en direction de Goma à la suite des violents affrontements qui ont éclaté dans les montagnes et villages environnants et des bombes larguées dans certains de leurs quartiers.

Cette cité située à 27km de la ville de Goma était convoitée par les rebelles du M23 soutenus par le Rwanda, qui ont déjà conquis plusieurs villages du territoire de Masisi. L’armée congolaise quant elle continue à rassurer la population de sa ferme détermination à repousser les rebelles et reconquérir tous les villages qu’ils occupent.

Emmanuel Barhebwa

Polémiques autour de la moindre escarmouche évoquée par le Chef de l’État: « Dans les conditions actuelles, une guerre ne peut pas être déclarée » (P. Muyaya)

Au cours d’un briefing de presse special organisé ce mardi 06 février 2024 autour de la situation sécuritaire qui prévaut au Nord-Kivu, le Ministre de la communication et médias, et Porte-parole du Gouvernement est revenu sur la préoccupation de certains congolais désirant que la RDC déclare officiellement la guerre contre le Rwanda; option évoquée par le Chef de l’État durant la période de campagne électorale.

Pour Patrick Muyaya, les conditions constitutionnelles ne sont pas réunies actuellement pour déclarer la guerre contre un autre État.

La constitution congolaise qui exige qu’une déclaration de guerre soit approuvée par les deux chambres du parlement, serait violée si le Chef de l’État prononce une quelconque déclaration de guerre en cette période, a-t-il expliqué.

« Évidemment, le président de la République l’a dit. Nous sommes déjà en opération mais dans les conditions actuelles, une guerre ne peut pas être déclarée. Vous savez que nous sommes en phase d’installation de nouvelles institutions. Même si le président de la République le voulait, dans ces conditions, constitutionnellement, on ne serait pas en mesure de le faire », a déclaré Patrick Muyaya.

L’Assemblée Nationale, issue des élections n’en est qu’au stade de la mise en place de son bureau définitif, alors que le sénat actuel est démissionnaire, attendant l’élection de nouveaux sénateurs par les députés provinciaux.

Le porte-parole du Gouvernement a également révélé aux congolais, que les FARDC infligent depuis quelque temps d’énormes pertes à l’armée rwandaise dans le territoire de Masisi.

« Aujourd’hui, s’il faut dénombrer les victimes rwandaises, on en compterait par centaine, parce que chaque fois les cibles sont bien trouvées. Il faut considérer que tout est fait et que l’ennemi est poursuivi partout où il doit être pour être sûr que nous restaurons la sécurité dans notre pays », souligne Patrick Muyaya.

Prenant part au même point de presse, le général Sylvain Ekenge, porte-parole de l’armée congolaise, a également rassuré les congolais sur la détermination de l’Armée à reconquérir tous les villages occupés par le M23.

Il a indiqué à cet instant-là que les combats faisaient rage pour le contrôle de l’axe-routier Sake-Minova, et que les combats étaient concentrés dans le hauteur de Shasha.

Le Sylvain Ekenge général Sylvain Ekenge a par ailleurs prévenu la population de faire attention aux informations relayées dans les réseaux sociaux par l’ennemi pour semer la peur et la panique au sein des communautés.

« Pour que le Rwanda occupe le Congo, il faudrait que le dernier militaire soit éliminé » a-t-il souligné, rassurant qu’ils vont reconquérir tous les territoires occupés par le M23.

Emmanuel Barhebwa