Me Osserge TEBUKA: Je m’adresse tout d’abord au parent afin qu’il sache que l’enfant est un trésor exceptionnel

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Défenseur judiciaire depuis 2015, Me Osserge BAHATI TEBUKA vient de publier un nouveau livre aux éditions Kivu Nyota. : « La protection des droits des enfants en République Démocratique du Congo : Ce qu’on fait, ce qu’on ne fait pas et ce qu’on devrait faire » une invitation éloquente à tous les acteurs à promouvoir les droits des enfants. Il revient sur les droits, les devoirs liés à la protection de l’enfant, les besoins des enfants ainsi que les abus fréquents qu’on fait subir aux enfants. Il répond ici aux questions de Kivu Nyota Presse

KN : Pouvez-vous vous présenter ?

OPBT : Je suis Me Osserge-Philippe BAHATI TEBUKA. Catholique, Licencié en Droit de l’Université de Goma, édition 2009, Défenseur Judiciaire depuis 2015, Humanitaire et Ecrivain Congolais. Agé de 39 ans révolus, marié et père de 6 enfants. C’est suffisant pour l’instant je crois.

2.KN: Depuis quand écrivez-vous ?

OPBT : Comme je n’ai pas fait l’école maternelle, j’écris depuis que je suis entré à l’école primaire. C’est à dire depuis Septembre 1987.Cela ne veut pas dire que je n’ai pas bien saisi la question…Depuis mon entrée au Petit Séminaire de Cibimbi, puis de Mugeri, cela s’est accéléré par des petits textes et des poèmes d’une ou deux pages… A l’université, c’était devenu obligatoire par la production des travaux pratiques, d’un rapport de stage et d’un TFC en troisième année de graduat et d’un autre rapport de stage et d’un mémoire à la fin de la deuxième année de licence.

Le goût de l’écriture s’est ranimé en moi surtout lorsque je voyais des situations dans certains milieux que je fréquentais dans le cadre de mon travail de défenseur des droits humains et d’Humanitaire sans avoir des soubassements écrits qui pouvaient me guider ou guider les autres personnes dans le futur.

C’est alors que j’ai commencé par des articles et des brochures des sensibilisations sur les droits de l’homme en 2014   et plus tard par des livres depuis 2017.

3.KN: Qu’est-ce qui vous a motivé à écrire sur les droits des enfants en RDC et combien de temps ça vous pris ?

OPBT : « La protection des droits des enfants en République Démocratique du Congo : Ce qu’on fait, ce qu’on ne fait pas et ce qu’on devrait faire » est le titre de l’actuel ouvrage par le canal duquel j’interviens ici. A dire vrai, la situation de tout congolais est à plaindre ! Il en va sans dire que celle des enfants n’y échappe pas. J’ai voulu seulement dire tout haut ce que les autres disent tout bas ! Dans les milieux que j’ai personnellement visités, certains parents vous disent qu’ils ont des enfants mais ne peuvent pas définir qu’est-ce qu’un enfant. C’est pourquoi j’ai consacré un chapitre à cela. Comment faire la protection des enfants ? C’est le deuxième chapitre. Quels sont les grands besoins de l’enfant ? C’est le troisième chapitre. Enfin ? je suis revenu sur des abus fréquents que nous faisons subir les enfants.

En tout cela, des cas vrais d’un coin ou un autre du pays sont donnés à titre illustratif. Pas que j’y suis arrivé forcement mais ayant eu des informations grâce à des sources sûrs et vérifiables.

Je sais que très directement cela n’a pas beaucoup d’impact mais dans le temps, certaines pistes des solutions énumérées dans l’ouvrage pourront servir d’aide-mémoire à quiconque voudra changer la donne et faire des enfants heureux non seulement au Congo mais dans le monde entier.

Le sujet peut apparaitre non intéressant maintenant comme on banalisait la question de la COVID 19 sur laquelle j’ai fait un article de 10 pages en Avril 2020 et qu’entre autre recommandation, je demandais la baisse du prix du passeport congolais qui s’est vu réellement rabaissé avant la fin de la même année !

Un peu plus avant, en 2017, j’écrivais « Les gens, sont-ils encore reconnaissants ? » paru aux éditions Muse en Allémagne et aujourd’hui, je suis heureux que plusieurs auteurs soutiennent l’une ou l’autre idée de cet ouvrage retenant que tout ce que nous sommes est le concours de plusieurs forces extérieures.

J’ai écrit de Juin à Novembre 2020, toutes les corrections incluses ; soit 5mois !

4.KN: A qui vous adressez-vous dans votre livre ?

OPBT : Je m’adresse tout d’abord au parent afin qu’il sache que l’enfant est un trésor exceptionnel et qu’au-delà de bien prendre soin de lui, il est plus important de l’associer à ce que l’on voudra faire en sa faveur. Bien plus, que l’enfant ne le restera pas éternellement.

Ensuite je m’adresse à tous les décideurs qui sont l’Etat, les Structures étatiques et non étatiques dans toutes leurs diversités qui travaillent dans le secteur de l’enfance. Qu’ils mettent réellement l’enfant au centre de leur action.

Je n’ai pas oublié tous les enseignants et éducateurs à divers niveaux et enfin aux enfants eux-mêmes pour qu’ils voient ce qu’on fait, ce qu’on ne fait pas et ce qu’on devrait faire pour eux. Non pour qu’ils soient des éternels pleurnicheurs mais que, à long terme, ils sachent prendre leurs responsabilités en mains une fois devenus, à leur tour, parents.

5.KN: Pourquoi avez- vous choisit  KN pour publier votre ouvrage ?

OPBT : C’est pour leur seriosité et qualité dans le travail. Pas plus !

A cela, je dois dire que je voulais que tout le processus de ce livre qui se veut ‘’congolais’’ c’est-à-dire écrit par un congolais, lu et corrigé par trois congolais, dont préface et post face sont faites par deux congolais (Mes parents biologiques), qui sera lu sûrement par des milliers des congolais soit parachevé par une entreprise congolaise implantée au Congo. Voilà pourquoi je suis allé toquer à vos portes !

6.KN: Est-ce facile d’être écrivain en RDC ?

OPBT: D’abord, être écrivain n’est pas facile. Cela, car il faut tout d’abord être un bon lecteur. Et dans le contexte actuel des réseaux sociaux, de l’éducation diffuse, de l’alcoolisme etc…Il n’est pas facile de consacrer une ou deux heures de lecture par jour. Pour le cas de la RDC, être écrivain devient plus difficile encore en ce que les bibliothèques ne sont pas nombreuses.

Trouver des sujets de rédaction n’est pas compliqué mais qui pourra aussi sortir 10 dollars pour se payer un livre alors que lui-même vit avec moins de 1 dollar journalièrement !

Qui financera un livre ? Voilà pourquoi certains docteurs à thèse ont fait de leurs thèses la toute dernière publication de leur vie ; pourtant, j’estime que rester avec des idées constructives non transmises aux générations futures est un crime [qui sera érigé en infraction lorsque je serai au parlement (Rires !)] Aussi, faut-il dire que j’écris tout en réalisant mon travail quotidien d’Humanitaire.

C’est donc dire que je dois par moment me priver de mes heures de repos et de loisir pour taper un ou deux paragraphes. Ce qui n’est pas aussi facile. Mais par la force et l’intelligence que Dieu m’a dotées, je parviens à rédiger quelque chose avec les encouragements de ceux qui me sont proches et qui comprennent que ‘’Seuls les auteurs ne meurent jamais’’.

7.KN: Etes-vous sûr de récupérer le gain investi dans la production de cet ouvrage ?

OPBT: Je suis de ceux qui pensent qu’il y a trois catégories d’écrivains: ceux qui écrivent pour avoir de l’argent; ceux qui écrivent pour donner leurs idées en orientant les politiques des décideurs et ceux qui écrivent pour se faire un nom, peu importe ce que ça coûte.

Je suis des deux dernières catégories !

8.KN: Comment pensez-vous écouler votre produit ?

OPBT: De prime à bord de main à main. Cela permet aux acheteurs de découvrir directement le produit et son auteur. Ils peuvent ainsi avoir des copies du livre dédicacé. Ensuite, par commande via les réseaux sociaux comme Messenger et WhatsApp (0853102656) et payer ainsi virtuellement à travers les réseaux de communications téléphoniques Vodacom et Airtel.

Il y a aussi des contacts avec certains hôtels et librairies de la place (Nord et Sud Kivu) pour vendre les produits et d’autres maisons de livre au pays comme à l’étranger.

Certains amis dans d’autres villes et pays étrangers à qui je remets quelques copies m’aident aussi à les vendre.

La vente en ligne n’est pas aussi exclue comme nous avons fait pour d’autres livres antérieurement. Des contacts avancent bien avec Amazone.

Pour ceux qui veulent lire sans acheter le livre, une copie sera disponible dans la Bibliothèque de l’Institut français (chez Alliance Franco-Congolaise).

9.KN: Avez-vous des lecteurs fidèles ?

OPBT: Oui; il y a des personnes qui lisent tout ce que j’écris. Je les remercie de tout cœur non par ce qu’ils ont absolument l’argent pour payer mes œuvres mais surtout qu’ils se privent de leur temps pour me lire et me dire ce que je dois améliorer. Et justement, aussi moins qu’il demeure vrai et hors de tout doute raisonnable, pour encourager un auteur, il faut lire ses œuvres, le citer quand il le faut.

10.KN: Que dites-vous de ceux qui pourraient photocopier votre ouvrages ou vos ouvrages ?

OPBT: En principe, cela est puni par la loi. Mais pour plusieurs raisons, quelqu’un peut tirer copie de l’un ou l’autre chapitre, de l’une ou l’autre section ; de l’un ou de l’autre paragraphe pour autant qu’il en a besoin. C’est toujours faire parler l’œuvre et son auteur. Mais en réalité, s’il le fait pour tout le livre de plus de 200 pages, il dépensera presque le même montant qui l’aiderait à acheter sa copie en bonne et due forme.

11.KN: Un mot de la fin ?

OPBT : Je remercie KN qui a consacré ce temps d’entretien avec moi et crois que le futur sera meilleur. Je recommande ses services à d’autres écrivains congolais et étrangers. J’en profite pour laisser mon adresse mail osserge.tebuka@gmail.com  pour toute fin utile à tous ceux qui lisent ce post dans ce magazine.

12.KN : Merci Me Tebuka

OPBT : ça été un plaisir pour moi. Merci.

Propos recueillis par Kivu Nyota

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