Situation sécuritaire à l’Est de la RDC : Entre tensions militaires et pressions diplomatiques

La crise sécuritaire persistante dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) continue de mobiliser la communauté internationale. Alors que les affrontements entre les Forces armées de la RDC (FARDC) et les rebelles du M23 soutenus par le Rwanda s’intensifient, plusieurs initiatives diplomatiques et politiques tentent d’apporter une solution à cette escalade de violence.

Un sommet EAC-SADC pour une sortie de crise

Ce vendredi, un sommet conjoint entre la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) et la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) s’ouvre en Tanzanie. Le président en exercice de l’EAC, William Ruto, a confirmé la présence des chefs d’État congolais et rwandais pour des discussions cruciales ce samedi. Avant cela, les ministres des Affaires étrangères des pays concernés se réunissent pour poser les bases des négociations.

Ce sommet est une tentative supplémentaire pour contenir la crise qui secoue l’Est de la RDC, où la résurgence du M23, avec le soutien du Rwanda, continue de déstabiliser la région.

Condamnations internationales mais absence de sanctions

À Genève, la 37ème session extraordinaire du Conseil des droits de l’homme de l’ONU s’est penchée sur la situation en RDC. La position de l’Union européenne a été claire :

•Condamnation de la présence militaire rwandaise en RDC, avec un appel au retrait immédiat des troupes.

•Exhortation au M23 à cesser son avancée et à se replier.

•Pression sur la RDC pour cesser toute coopération avec les FDLR et autres groupes armés.

•Appel aux autorités congolaises à lutter contre les discours de haine.

Malgré ces déclarations, aucune sanction concrète n’a encore été prise contre le Rwanda, ce qui suscite des frustrations à Kinshasa.

L’armée congolaise rassure face à l’avancée du M23 au Sud-Kivu

Les tensions sont particulièrement vives au Sud-Kivu, où le M23, appuyé par les Forces de défense rwandaises (RDF), progresse. Face à cette menace, l’armée congolaise a réaffirmé sa détermination à défendre le territoire national.

« Aucun centimètre du pays ne sera laissé au profit de l’armée rwandaise et ses supplétifs du M23 », a martelé le Major Nestor Mavudisa, porte-parole de la 3e Zone de Défense. La population de Bukavu et des environs a été invitée à ne pas céder à la panique.

Le gouvernement congolais en quête de Justice internationale

À Genève, la délégation congolaise a profité du Conseil des droits de l’homme de l’ONU pour dénoncer les violations des droits humains commises par les troupes rwandaises à Goma. Kinshasa a également plaidé pour la mise en place d’une Commission internationale d’enquête afin de documenter ces exactions et faire pression sur la communauté internationale.

De son côté, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a réitéré son appel à la cessation des hostilités, exprimant sa profonde inquiétude face à l’offensive du M23.

Tensions autour des restrictions d’accès aux réseaux sociaux

Alors que la situation se détériore sur le terrain, l’ONU a dénoncé la restriction de l’accès à certains réseaux sociaux en RDC, qu’elle considère comme une grave atteinte au droit à l’information. L’organisation a appelé à une levée rapide de ces mesures afin de garantir la liberté d’expression et l’accès à l’information pour la population congolaise.

Un meeting controversé du M23 à Goma

Pendant que les efforts diplomatiques s’intensifient, le M23 et son allié politique, l’Alliance Fleuve Congo (AFC), ont organisé ce jeudi 6 février un meeting au stade de l’Unité à Goma.

Le site était plein à craquer, obligeant de nombreux participants à suivre l’événement depuis l’extérieur, faute de places à l’intérieur.

Les habitants de différents quartiers de la ville ont répondu massivement à l’appel de leurs nouvelles autorités, bien que les motivations divergent : certains par peur d’éventuelles représailles, d’autres par curiosité ou encore par volonté de connaître les nouvelles directives.

•Lors de son intervention, le coordinateur de l’AFC a annoncé plusieurs mesures :

•La poursuite de la révolution jusqu’à Kinshasa pour « libérer tout le peuple congolais ».

•La reprise des cours dans les écoles et universités dès lundi prochain.

•La baisse prochaine du taux de change

•La reprise des activités socio-économiques sur toute l’étendue de la province à partir de lundi. À ce sujet, Corneille Nangaa a exhorté tous les agents et fonctionnaires de l’État à reprendre leur poste dès lundi.

•L’appel aux FARDC et aux Wazalendo encore présents dans la ville à se rendre et rejoindre l’AFC-M23.

Ce meeting a également été l’occasion de présenter la nouvelle administration du Nord-Kivu, dirigée par : Bahati Musanga Joseph, gouverneur de la province; Manzi Ngarambe Willy, vice-gouverneur chargé des questions politiques, administratives et juridiques; Amani Bahati Shaddrak, vice-gouverneur en charge des questions économiques, financières et de développement; Katembo Julien, maire de Goma; Désiré Ngabo, maire adjoint.

Enfin, un appel a été lancé aux jeunes pour rejoindre l’Armée Révolutionnaire, une initiative qui a vu certains volontaires monter sur le podium pour s’engager.

Une bataille diplomatique en cours

Dans ce contexte tendu, le président congolais Félix Tshisekedi se rendra personnellement au sommet EAC-SADC, où il exigera le départ des troupes rwandaises de la RDC, selon sa porte-parole Tina Salama.

Ce sommet sera décisif pour observer si la pression diplomatique pourra enfin contraindre Kigali à cesser son soutien au M23. Pendant ce temps, sur le terrain, la situation reste explosive avec une administration parallèle imposée par le M23 et une armée congolaise qui tente de défendre son territoire.

Si les condamnations internationales se multiplient, leur impact reste encore à prouver face à la réalité militaire et politique sur le terrain. La RDC, prise entre une guerre imposée et des injonctions diplomatiques, tente de trouver un équilibre entre la défense de son territoire et les pressions pour négocier avec ses agresseurs.

La Rédaction

M23 à Goma : Dernier refuge médical des déplacés, la Clinique KEMG du site de Bulengo lance un SOS aux partenaires

Installée depuis environ deux ans sur ce site situé au Sud-Est de la ville de Goma, cette Clinique mobile de l’organisation humanitaire « Kivu Emergency Médical Group (KEMG) fait face à des nombreux défis d’ordre logistique, en cette période post-combats en ville de Goma.

Coupée de l’aide humanitaire et de l’accès aux intrants médicaux depuis quelques temps, la clinique éprouve désormais des sérieuses difficultés à prendre en charge des milliers des déplacés qui ont rejoint le site de Bulengo lors des récents affrontements entre le M23 la coalition FARDC-Wazalendo.

D’après l’infirmier KAKULE Messi Joseph, l’un des responsables de cette structure sanitaire, les ressources deviennent de plus en plus limitées dans la prise en charge des malades et des blessés de guerre dans cette clinique, malgré l’engagement des médecins et personnels soignants qui rendent ce service à la communauté de façon bénévole depuis maintenant deux ans.

« Nos équipes travaillent sans relâche, mais malheureusement, nos ressources sont limitées. Nous n’avons aucune rémunération pour le personnel médical et paramédical, ce qui freine notre capacité d’intervention. Nous avons aussi un sérieux problème d’approvisionnement en médicament pour garantir la pérennité des soins médicaux dans cette zone de crise. Nous appelons à l’aide de toutes les personnes de bonne volonté afin d’améliorer cette situation »
déclare-t-il.

Retrouvés sur place quelques bénéficiaires des soins médicaux de la clinique ont profité de notre micro pour exprimer leur reconnaissance envers l’ONG et ses équipes.

« Grâce à KEMG, nous avons pu recevoir des soins, même en cette période difficile. Nous leur devons notre santé et nos vies » a affirmé l’une des bénéficiaires, visiblement émue.

Et une autre d’ajouter :  » Si des partenaires peuvent nous entendre ici, je peux leur demander d’appuyer ces médecins. Ils font d’énormes sacrifices pour sauver des vies des personnes vulnérables que nous sommes. Sans eux, on compterait aujourd’hui beaucoup de morts à l’intérieur de ce camp ».

Il faut dire que plusieurs déplacés de guerre ont pris refuge dans le site de Bulengo à l’arrivée du M23 dans la ville de Goma suite aux violents affrontements qui l’ont précédé dans la semaine du 26 au 30 janvier dernier,
Après leur installation dans la ville, les responsables du M23 ont autorisé le retour des déplacés de guerre dans leurs villages d’origine, mais pour des  raisons d’ordre économiques, logistiques et sécuritaires avancées, certains auraient été autorisés à loger momentanément dans le site de Bulengo préparant leur retour progressif.

C’est dans ce contexte que la prise en charge médicale de ces derniers préoccupe au plus haut point le personnel soignant de l’ONG KEMG, cette organisation humanitaire au service de la communauté opérationnelle depuis 2014 par Monsieur  Jean-Pierre KAPOSO, avec comme vision de fournir les soins de santé aux plus vulnérables. Plus de 7800 patients ont déjà été pris en charge dans la clinique mobile de l’ONG KEMG depuis son installation il y a deux ans sur le site des déplacés de Bulengo.

Ci-joint les différents témoignages-video via ce lien https://youtu.be/UsIq0i24P2I?si=Avld6XVE27WvGG8k

Wivine Kavira

Près de 3000 morts lors des affrontements à Goma: la Croix-Rouge accélère le processus d’enterrement des corps

Le bilan des combats pour le contrôle de la ville de Goma entre dimanche 26 et jeudi 30 janvier 2025 dans l’Est de la RDC a atteint près de 3000 morts, rapportent les Nations Unies dans une nouvelle communication mardi 04 février 2025 sur la situation humanitaire dans cette région du pays.

Craignant la propagation des épidémies suite à la décomposition des corps dans plusieurs structures sanitaires déjà saturées, les agents humanitaires ont entamé depuis le début de la semaine le processus d’enterrement des corps dans plusieurs sites à Goma.

Ce mardi 05 février, des enterrements se sont déroulés au cimetière de l’ITIG, près de l’aéroport de Goma, en l’absence des familles, rapporte actualité.cd, qui indique que « beaucoup de victimes sont enterrées dans l’anonymat ».

Selon Bounena Sidi Mohamed Directeur Adjoint d’OCHA,basé à Goma, «l’enterrement rapide est essentiel pour prévenir des risques sanitaires,
notamment les épidémies » .

Nous travaillons avec nos partenaires, a-t-il souligné à RFI, pour accélérer cette opération.

Pendant ce temps plusieurs familles à Goma qui restent sans nouvelles de leurs proches disparus durant la semaine des affrontements, ne se limitent qu’à lancer les avis de recherche dans les réseaux sociaux, espérant à un miracle.

Des centaines des blessés encore pris en charge dans des structures sanitaires de la place attendent également le renforcement des intrants médicaux dans la région, pour espérer quitter leurs lits d’hôpital.

Face à cette situation, le Coordonnateur humanitaire en République démocratique du Congo, Bruno Lemarquis a, dans une communication à la presse mardi, appelé à la mobilisation immédiate pour la réouverture de l’aéroport de Goma, indispensable pour l’acheminement de l’aide et l’évacuation des blessés.

La Rédaction

Goma: Une semaine après, la vie reprend timidement dans la ville

La vie reprend petit à petit dans la ville de Goma à l’Est de la RDC ce lundi 03 février 2025, constate le reporter de KivuNyota, après une semaine tendue marquée notamment par l’arrivée et l’installation des troupes du M23 dans la ville et de scènes de pillages dans plusieurs coins chauds.

Sur les axes principaux de la ville où des forces de sécurité de l’actuel régime sont visibles par-ci par-là, plusieurs tenanciers de boutiques, magazins, shops et autres services ont rouvert leurs portes ce lundi.

Ceux dont les biens ont été pillés sont aussi visibles devant les portes de leurs établissements, évaluant les dégâts.
C’est le cas par l’exemple des établissements Nzoli au quartier Katindo joints par un confrère de la zone, qui déplorent la perte de « 930 motos, 3 containers de pièces de rechange et une somme d’argent, les touts pillés par des civils la semaine dernière ». Selon le responsable de ces établissements, au-moins 2,7 millions de dollars ont été perdus.

Le même sentiment de regret s’observe chez plusieurs tenanciers des quincailleries, des boutiques d’habillement et plusieurs autres entrepreneurs dont les établissements ont été dépouillés et saccagés sur plusieurs artères de la ville.

Toutefois, faut-il le signaler, malgré la réouverture timide des activités ce lundi; les écoles, les universités, les banques et plusieurs services publics de l’État restent encore fermés, a-t-on constaté.

Au niveau des points d’entrée et sorties de la ville, l’on note la réouverture effective des routes de dessertes agricoles sur les axes Goma-Minova, Goma-Masisi et Goma-Rutshuru.
À la frontière avec la ville voisine de Gisenyi au Rwanda, les mouvements des populations se déroulent normalement, alors que les activités portuaires au niveau du port de Goma et aéroportuaires au niveau de l’aéroport international de Goma peinent à reprendre jusqu’à ce jour.

Les établissements sanitaires restent toutefois saturés par des blessés de guerre, aggravant la situation humanitaire dans la zone. Selon l’ONU, au-moins 700 personnes ont été tuées et 2800 blessées lors des combats pour le contrôle de la ville de Goma entre dimanche et jeudi dernier dans l’est de la République démocratique du Congo.

Il y a trois jours, l’électricité fournie par la société Virunga Énergies a été rétablie, la connexion internet aussi.
Ceci a facilité les nouvelles autorités de la ville à la communiquer avec leurs administrés, appelant ces derniers à vaquer librement à leurs occupations.
Elles ont aussi annulé la mesure interdisant la circulation des motos au-delà de 18h, et autorisé les déplacés de guerre à regagner leurs milieux d’origine.

La Rédaction

Crise en RDC : Le Conseil de Sécurité de l’ONU face à l’escalade du conflit impliquant le M23 et le Rwanda

La situation dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC) s’enflamme alors que le Conseil de Sécurité des Nations Unies discute actuellement des affrontements entre le M23 et les forces armées congolaises. Lors de cette session, Bintou Keita, représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU en RDC, et António Guterres, Secrétaire général des Nations Unies, ont exprimé leur profonde préoccupation face à l’intensification des violences et à l’implication directe du Rwanda.

Bintou Keita a confirmé que le M23, avec le soutien actif de l’armée rwandaise, a pris position sur le site de Munigi et les abords de Goma, bloquant les principales routes et rendant l’aéroport inutilisable. António Guterres, pour la première fois, a publiquement accusé le Rwanda de soutenir militairement et logistiquement le M23, soulignant que cette ingérence constitue une grave menace pour la paix régionale.

Des déclarations fortes au niveau local

Sur le terrain, la mobilisation est totale. Le vice-gouverneur du Nord-Kivu, le commissaire Ekuka Lipopo Romuald, qui assure l’intérim du gouverneur militaire décédé au combat jeudi dernier, a lancé un appel à l’engagement général des forces congolaises et des civils volontaires.

« Tous les militaires, policiers et volontaires pour la défense de la patrie (#Wazalendo) sont consignés et engagés arme à la main dans le combat pour la défense du pays et de la ville de Goma en particulier afin de repousser l’agresseur #Rwanda. Il y va de l’honneur et de la souveraineté de notre pays. La patrie ou la mort », a-t-il déclaré.

Une crise humanitaire aggravée

Pendant ce temps, les populations civiles continuent de subir les conséquences de cette guerre. Les déplacés des camps de Kanyaruchinya et Kibati, ayant fui les violences à Rutshuru, se retrouvent à nouveau contraints de chercher refuge. Ces déplacements massifs aggravent une crise humanitaire déjà critique, avec des besoins urgents en vivres, abris et soins médicaux.

La Monusco sous pression

Malgré un renforcement de son dispositif pour protéger les civils, la Monusco peine à faire face à la complexité du conflit et à l’implication d’acteurs étatiques dans le soutien au M23. Jean-Pierre Lacroix, Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, a rappelé que les attaques contre les Casques bleus et le personnel civil des Nations Unies peuvent constituer des crimes de guerre, appelant à une action internationale concertée pour rétablir la paix.

Une mobilisation nécessaire

Alors que les tensions atteignent un niveau critique, la communauté internationale est appelée à agir rapidement pour stopper l’agression, protéger les civils et garantir la souveraineté de la RDC. La lutte pour la défense de Goma est devenue un symbole de la résistance nationale face à une menace régionale qui exige une réponse urgente et coordonnée.

La Rédaction

Nyiragongo : Plus de 10 civils tués par une bombe venue du champ de bataille dans le camp de Rusayo 1

L’intensification des combats ce dimanche 26 janvier en territoire de Nyiragongo opposant la coalition FARDC-Wazalendo et le M23 soutenue par l’armée Rwandaise n’a pas épargné malheureusement les vies des civils.

Aux alentours de 11h de ce dimanche, une bombe venue de la ligne des fronts a fini sa course dans le camp des déplacés de Rusayo 1 en territoire de Nyiragongo coûtant la vie à une dizaine des civils et blessant plusieurs autres, rapportent les sources locales.

Toutes les victimes, parmi lesquelles les femmes et les enfants, sont des déplacés de guerre cantonnés sur ce site depuis plusieurs mois.

Les recherches se poursuivent pour retrouver d’éventuelles victimes encore ensevelies sous les décombres.

Les affrontements se poursuivent par ailleurs jusqu’à présent sur cette ligne des fronts où nous des renforts sont déployés dans un camp comme dans l’autre, apprend-on.

Nous suivons la situation de très près, à la limite de nos moyens.

La Rédaction