Massacre à Beni: la véritable terroriste c’est l’indifference des congolais, écrit Jacinthe Maarifa

« QUI TUE A BENI ? ENFIN, UNE REVELATION », c’est le titre du texte du jeune slameur de Goma Jacinthe Maarifa, publié lundi 15 mars 2021 sur le blog Savoir plus, dans lequel l’artiste s’indigne contre l’indifference observée de la part de plus de 80 millions de congolais, en commençant par leur président, face au massacre des populations à Beni pendant près de 7 ans.

Mais qui tue exactement à Beni ? Qui use de ces méthodes pour aliéner et martyriser une mémoire ?
Qui étrangle, massacre et déchiquette sans vergogne des êtres humains ? S’interroge l’artiste; avant de pointer du doigt l’indifference de congolais, leur incapacité « de s’unir comme un seul corps pour défendre une jambe en train d’être amputée, un peuple exterminé. »

Parlant de l’indifference des autorités congolaises, Maarifa écrit:
« Deux Présidents se sont succédé sur un siège mouillé par les larmes de Beni, mais ici la mort est banalisée ».

Et de poursuivre: « Que 10, 15, 20 personnes innocentes soient étranglées sans raison, le Présidence s’en dort, la Primature s’exclame, le Gouvernement passe, la justice s’en décharge ;et on laisse la société civile faire sa propre compassion et son propre deuil. »

Kivu Nyota vous propose ici l’intégralité du texte de ce jeune artiste:

QUI TUE A BENI ? ENFIN, UNE REVELATION

Depuis 2014 Beni est en rouge. Certains préfèrent dire la Région de Beni parce qu’ils ont du mal à identifier le statut administratif de Beni. Beni est un territoire de la Province du Nord-Kivu. Alors le territoire de Beni est en rouge. Les vagues de sang emportent des vies, noient des histoires vitales et les déversent dans une mer sans eau, sans rive ; une mer des terres. Des terres ainsi y sont devenues faciles à percer oui,parce que trempées dans le sang. On compte maintenant beaucoup de milliers de morts oui, parce que beaucoup commence par deux. Et même s’ils étaient dix à être lâchement massacrés et oubliées sans tombe, surement moi j’aurais écrit. Des villages sont devenus fantômes, des maisons assiégées par des bataillons de rats émancipés, et même les chiens ont perdu l’effort d’aboyer. Je ne vous apprend rien, je murmure juste dans ma caverne de l’horreur. Depuis 2014, Beni crie si fort que ses échos sont retentissants jusqu’aux murs de notre aisance. Mais il a assez crié au point que l’on s’exclame à chaque fois comme de mauvais séminaristes lassés par l’angélus. Pitié ! Et malheureusement même l’Etat s’exclame de la même manière que les fêtards. Deux Présidents se sont succédé sur un siège mouillé par les larmes de Beni, mais ici la mort est banalisée. Que 10, 15, 20 personnes innocentes soient étranglées sans raison, le Présidence s’en dort, la Primature s’exclame, le Gouvernement passe, la justice s’en décharge ;et on laisse la société civile faire sa propre compassion et son propre deuil.Et même les médias le savent, ils ne cherchent que les réactions de la société civile. La société politique, elle s’enivre surement. J’ai vu un homme être poignardé au couteau dans un pays, et son Président s’est prononcé devant la nation juste pour un blessé. Ici des centaines meurent, et on doute même que le nôtre sois mis au courant. Peut-être parce que la vie a des échelles de dignité, peut-être parce que la nôtre pèse ne fus que le poids d’une âme. Et j’ai écouté des infos qu’on venait de tuer cette nuit-là encore, ce matin, il y a quelques heures ;et nous tous nous sommes juste exclamé et après deux minutes on ne s’en souvenait plus. Peut-être parce qu’ici règnent maintenant la culture du viol et de la mort ; les victimes sont prises pour bourreaux, les rescapés se culpabilisent de n’être pas morts parce que les questions et le regard qui les attendent sont encore plus cruelles que la lame tragique.

Et ainsi Beni meurt en silence, souvent sans crépitement des balles, sans détonation. Parfois Beni meurt et ne se réveille plus. A la sortie de son sommeil il trouve sa tête sur le tronc d’un arbre et son tronc sur la tête d’une machette. Beni meurt semble-t-il en en rêvant, Beni meurt avec des projets, Beni meurt avec son inspiration de la nuit. Et depuis 7ans, l’âme de Beni saigne .7.Après 7ans,Mbau, Kamango, Eringeti,Oicha,…savent plus que nous maintenant que l’espoir coute cher . Ils savent qu’il ne suffit pas de voir la verdure de ces merveilleuses terres de Beni pour symboliser l’espoir, qu’au Congo on peut vivre dans un océan et mourir assoiffé. Oui, ils le savent.

Mais qui tue exactement à Beni ? Qui use de ces méthodes pour aliéner et martyriser une mémoire ?

Qui étrangle, massacre et déchiquette sans vergogne des êtres humains ?

Est-ce un terroriste ? Qui est finalement coupable ?

Eh bien c’est l’indifférence de plus de 80 millions de congolais. C’est notre incapacité à nous unir comme un seul corps pour défendre une jambe en train d’être amputée, un peuple exterminé. C’est notre lâcheté, notre immaturitécitoyenne. Notre incapacité à mettre à terre des pouvoirs qui nous voient sous terre sans agir, notre incapacité à former une nation, à lier nos vies, à peindre un destin national et le protéger. Peut-être que nous ne haïssons pas Beni, mais nous ne l’aimons pas non plus car comme le dirait le rappeur Youssoupha ; le contraire de l’amour ce n’est pas la haine mais bien l’indifférence. Voilà ce qui tue Beni, notre indifférence. On a maintenant besoin d’une compassion agissante, pas celle des réseaux. Vichy Batezi aurait dit avec moi : « Arrêtez de poster vos poings en l’air, apprenez à vous en servir. » J’ai dit ! Mettez ça sur internet..

Texte : Jacinthe MAARiFA

Emmanuel BARHEBWA

Culture: les artistes de Goma formés sur la résolution pacifique des conflits par l’asbl Badilika

Une vingtaine d’artistes de Goma évoluant dans les domaines de la littérature, la poésie, le slam, le théâtre, le dessin, la peinture, l’humour, etc. ont été réunis en atelier de formation ce mardi 16 mars 2020 à Goma sous le thème: « l’analyse et la nature des conflits ».

Organisé par la clinique littéraire  » Badilika ! (asbl) », une structure encadrant les jeunes artistes en vue d’un changement positif au sein de la communauté, cet atelier a eu pour objectif, d’après Thaïs-Benjamin Akole Kisangala, un des organisateurs, d’outiller ces artistes sur leur rôle dans la résolution pacifique des conflits pour instaurer un climat de paix « dans notre région ravagée par des multiples conflits ».

Pour Ibrahim Ali, facilitateur du jour, on ne peut se passer du rôle des artistes dans la résolution pacifique des conflits au sein de la communauté vue l’influence qu’ils acquièrent à travers leurs différentes œuvres.

« Nous avons pensé orienter cette intervention vers les jeunes artistes d’abord pour les outiller sur comment se comporter eux-mêmes face aux conflits au sein de la société mais aussi parce que nous avions compris qu’ils peuvent donner des messages de paix ici et là, ils peuvent nous aider à résoudre les conflits et apporter le développement au sein de la société » a-t-il déclaré avant d’inviter tous les participants à cet atelier à être des ambassadeurs des enseignements reçus partout dans la communauté.

Monsieur Lebon Kashala, cadre de base du Quartier Himbi, invité à cette activité comme représentant des autorités, se dit réjoui de l’initiative de l’organisation Badilika d’avoir choisi un tel thème dans un contexte de conflits permanents dans la société, l’invitant à vulgariser ces genres d’enseignement dans toute la communauté.

« Je remercie l’équipe Badilika pour cette formation  qui permet de savoir comment résoudre les conflits dans notre milieu, dans nos familles et dans notre pays. Elle a bien fait d’outiller d’abord les jeunes artistes qui sont les acteurs majeurs dans le processus de résolution des conflits mais je veux ici lui recommander d’étendre ces enseignements pour faire parvenir ces messages à toutes les couches de la population, car c’est vraiment édifiant… »

Les artistes présents à cette activité se sont dits édifiés par les enseignements et ont promis de s’engager désormais dans la résolution pacifique des conflits qui les ont souvent opposés soit avec les autorités ou soit avec eux-mêmes, ou encore avec d’autres membres de la société.

Il sied de noter qu’à l’issue de cette activité, la clinique Badilika, sous l’appui de NPCYP, compte réunir à nouveau ces artistes pour une séance de travail, à l’issue de laquelle ceux-ci produiront en communs des œuvres artistiques portant des messages de paix destinés à la population, l’appelant à la résolution pacifique des conflits pour une paix durable.

 Emmanuel BARHEBWA

Le Vatican réaffirme que, pour l’Église, l’homosexualité est un « péché »

Le Vatican a réaffirmé lundi la doctrine de l’Église catholique considérant l’homosexualité comme un « péché » et a confirmé l’impossibilité pour les couples de même sexe de recevoir les sacrements du mariage, réservés à « l’union indissoluble entre un homme et une femme ».

L’institution du Vatican chargée de dire et de préserver le dogme catholique, la Congrégation pour la doctrine de la foi, a publié une réponse à la question : « L’Église dispose-t-elle du pouvoir de bénir des unions de personnes du même sexe ? » « Non », a tranché la Congrégation dans son document, signé par le cardinal Luis Ladaria, préfet de ce puissant office.

« Dans certains milieux ecclésiaux se diffusent aujourd’hui des projets et des propositions de bénédictions pour les unions entre personnes du même sexe, écrit la Congrégation dans le préambule du texte, destiné à clarifier la position officielle du Vatican. « Lorsqu’une bénédiction est invoquée sur certaines relations humaines, il est nécessaire […] que ce qui est béni soit objectivement et positivement ordonné à recevoir et à exprimer la grâce, en fonction des desseins de Dieu […]. Seules les réalités qui sont en elles-mêmes ordonnées à servir ces plans sont donc compatibles avec l’essence de la bénédiction donnée par l’Église », poursuit la congrégation.

« Dieu n’arrête jamais de bénir chacun de ses fils […]. Mais il ne bénit pas ni peut bénir le péché »

« Pour cette raison, il n’est pas licite de donner une bénédiction aux relations ou partenariats, même stables, qui impliquent une pratique sexuelle hors mariage [c’est-à-dire hors de l’union indissoluble d’un homme et d’une femme ouverte en soi à la transmission de la vie] », assure la Congrégation.

Elle rappelle la position classique de l’Église : « Dieu n’arrête jamais de bénir chacun de ses fils […]. Mais il ne bénit pas ni peut bénir le péché », martèle la Congrégation. « Pour les motifs ci-dessus mentionnés, l’Église ne dispose pas, ni ne peut disposer, du pouvoir de bénir les unions de personnes de même sexe dans le sens ci-dessus indiqué », conclut la Congrégation, soulignant que le pape François a lu et approuvé ce texte.

Il y a cinq mois, des propos du pape estimant que « les personnes homosexuelles ont le droit d’être en famille » et qu’elles avaient « le droit à être couvertes légalement » avaient provoqué une polémique, avant que le Vatican précise que François n’avait aucunement remis de cette manière en cause le dogme du mariage entre un homme et une femme.

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Le Point /Via Kivu Nyota