Fin de la mission des évêques à l’Est: Mgr Marcel Madila dit avoir rencontré une population plein d’espoir malgré les affres de la guerre

Après deux semaines de mission à l’Est de la RDC, les évêques catholiques ont regagné leur lieu de résidence ce vendredi 26janvier 2021, passant par la ville de Goma.
Se confiant à la presse locale à l’aéroport international de Goma, quelques minutes avant son vol, Monseigneur Marcel Madila, archevêque métropolitain de Kananga dit avoir rencontré une population plein d’espoir à l’Est de la RDC.


« Nous avons été accueillis par une population courageuse et pleine d’espoir malgré la guerre dans cette partie Nord de la Province du Nord – Kivu  » a lâché l’archevêque de Kananga .
Le constat sur terrain dans cette mission, ajoute-t-il, c’est la découverte d’une souffrance indescriptible de la population.
Il souligne que la souffrance de la guerre a des conséquences énormes et reste une chanson pour la population vivant dans le grand Nord.
« Il y a une grande souffrance de la population et l’église catholique s’implique dans plusieurs manières et même en coulisses pour la paix » indique-t-il.

Notons que, peu avant leur départ, ces évêques et leur suite ont dit une messe au sanctuaire d’adoration de Goma, en présence d’une foule immense des fidèles catholiques de la place accompagnés de leur prêtres.

Ricardo Olenga

Les évêques de la CENCO et d’Afrique Centrale clôturent leur tournée à l’Est par une messe à Goma

C’est par une célébration eucharistique ce mardi 26 janvier 2021 au sanctuaire d’adoration de Goma, que la délégation des 5 évêques membres de la Conférence Episcole Nationale du Congo (CENCO) et de l’ACEAC(Association des Conférences épiscopales d’Afrique Centrale), vient de clôturer sa visite pastorale a l’Est de la RDC.

Durant douze jours, cette délégation, accompagnée des quelques prêtres, vient de faire le tour des diocèses de Butembo-Beni, Bunia et Goma pour palper du doigt les réalités du vecu quotidien des fidèles de ces coins de la RDC, victimes de plusieurs atrocités dûes aux guerres en répétition depuis des nombreuses années.

Dite par Mgr Marcel Madila, archévêque métropolitain de Kananga et président de l’ACEAC, la messe de ce 26 janvier à Goma a été concélébrée par une quarantaine des prêtres du milieu et a connu la participation des plusieurs fidèles de la place ainsi que des représentants des autres confessions réligieuses.

Dans son discours lors de cette eucharistie, Mgr Willy Ngumbi, évêque du diocèse de Goma, a loué l’initiative des évêques, de rendre visite aux peuples souffrant à l’Est de la RDC, qualifiant ce geste de témoignage de communion ecclésiale.

« Votre présence à l’Est de la RDCest un témoignage fort de communion écclésiale dans l’accomplissement de votre mission » a-t-il déclaré.

Et de rencherir: « Nul n’ignore la souffrance et la désolation endurées par la population du diocèse de Butembo-Beni, du diocèse de Bunia et par ricochet, celle du diocèse de Goma. Des populations massacrées, des habitations incendiées, des populations déplacées en masse et par force, des populations insecurisées, abandonnées à leur triste sort, et qui sont parfois obligées de payer des taxes à des groupes armés pour survivre. Une situation maccabre et horifiante qui ne peut pas nous laisser sans dire mot »

Excellences Messeigneurs, conclut Willy Ngumbi, « Nous espérons que vous reviendrez encore une fois nous rendre visite puisque la situation de sinistre que nous vivons, perdure encore. Sous la mouvance de l’Esprit Saint, nous confions votre mission, à ce qu’elle puisse toujours rester prophétique et donner plus d’espérance, de joie, et d’amour à ce peuple qui est toujours meurtri »

Pour sa part, le reverend abbé Donatien Nshole, secrétaire de la CENCO, lui aussi membre de la délégation, dit quitter cette région avec un esprit révolté, face à ce qu’il a vu et entendu.

 » En tout cas moi je rentre revolté, d’avoir entendu ce que j’ai entendu, d’avoir vu ce que j’ai vu. Nous nous ne sommes que des mandataires . Nous ferons rapport à qui de droit et certainement les évêques prendront leur responsabilité prophétique. »

Durant leur séjour à l’Est, les évêques de la CENCO et de l’ACEAC ont visité, pour rappel, la paroisse de Mbau à Beni (où trois prêtres ont été kidnappés depuis maintenant neuf ans et dont on n’a pas de nouvelles jusqu’à présent), le camps des déplacés en diocèse de Bunia, pour ne citer que cela.

Après la messe, les membres de ladite délégation, accompagnés à l’aéroport par l’évêque de Goma et quelques prêtres de la place, ont pris le vol pour régagner leurs diocèses respectifs.

Emmanuel BARHEBWA

Bunia:«Au camp des déplacés, les Evêques compatissent avec les mutilés de guerre»

La 2ème journée de la mission pastorale des Evêques de l’ACEAC et de la CENCO à Bunia, ce vendredi 22 janvier 2021, a connu trois moments forts : la messe pour la réconciliation célébrée à la Place de la Foi de la paroisse de l’Annonciation de Nyakasanza, les échanges avec les agents pastoraux de Bunia sur le rapport de la Commission diocésaine Justice et Paix, et la visite au camp de déplacés de Kigonze par 5 Evêques : Mgr Marcel Madila, Président de l’ACEAC ; Mgr José Moko, Vice-Président de la CENCO ; Mgr François-Xavier Maroy, Archevêque de Bukavu ; Mgr Dieudonné Uringi, Evêque de Bunia et Mgr Sosthène Ayikuli, Evêque de Mahagi-Nioka.

Le camp de Kigonze est érigé sur une concession du diocèse de Bunia qui l’a mise à la disposition du HCR pour y accueillir les déplacés. Ceux-ci étaient initialement installés sur un terrain contigu à l’Hôpital Général de Bunia dans des conditions déplorables. Mais c’est surtout la proximité avec un centre hospitalier en pleine période de la pandémie de la Covid-19 qui aura orienté les pouvoirs publics et les organismes humanitaires à choisir un autre site. L’Eglise de Bunia, encore une fois elle, offrit un terrain comme elle l’avait déjà fait pour les déplacés du site de l’ISP (Institut Supérieur Pédagogique), une de ses concessions.
A Kigonze les Evêques ont eu du mal à dissimuler leur émotion, bien que, selon les gestionnaires, c’est un camp dont l’aménagement en novembre 2019 a fait partie des sites les mieux planifiés parmi les 64 que compte la Province de l’Ituri. Géré par Caritas Bunia, le camp de Kigonze héberge 2.258 ménages, soit 12.325 pensionnaires. Les défis y sont nombreux : insuffisance d’abris, de nourriture et d’articles ménagers essentiels, ou encore manque d’eau potable et d’éclairage la nuit, ainsi que la non scolarisation de plusieurs enfants, etc.

Ces défis ont été rendus dans une saynète jouée par les femmes protestantes : Tunateseka sana (nous souffrons beaucoup) ; Tunakosa ciakula (nous mourrons de faim) ; Tunalala mu mvumbi(nous dormons dans la poussière) ; Tunataka kurudi nyumbani kwetu katika amani(nous voulons rentrer chez-nous et retrouver la paix).

Oui, il faut qu’advienne la paix pour que tout ceci ne se reproduise pas. Comment supporter le regard évasif d’une fille de 4 ans portant les traces de machette sur sa tête ! Dans ses yeux innocents elle ne sait même plus ce qui s’est réellement passé, ou plutôt elle ne le comprend toujours pas : « Maman, pourquoi j’ai été frappée à la machette » interroge-t-elle sa mère ? Ou encore cette dame aux deux jambes amputées au niveau des genoux qui malgré son état de sinistré pleure encore la mort atroce de ses 4 enfants. Et que dire de cet enfant devenu unibrassiste (1 bras) à 12 ans et cette grand-mère à la soixantaine brulée. La violence n’a pas d’âme, et le mal est un mal qui fait mal. Même un curé en est sorti avec les doigts coupés – fort heureusement qu’ils ont fait ombrage à sa tête – par ses propres chrétiens.

Oui il faut qu’advienne la paix, car comme dira Mgr François-Xavier Maroy, ce spectacle désolant n’est ni imaginable ni compréhensible… Il faut que tout ceci cesse.

Lydie Waridi Kone, Chargée de communication / Evêché de Goma