Crise en RDC : Luanda, Nairobi, M23, EAC, Population Congolaise,… langage des sourds ou déception ?

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En ville de Goma, la MONUSCO a, via son département des affaires politiques, réuni vendredi 16 décembre 2022 lors d’un café de presse, plusieurs journalistes de la ville, pour leur faire part du contenu du processus de Nairobi 3, qui, du 28 Novembre au 5 Décembre 2022, a réuni à Nairobi au Kenya, les membres des groupes rebelles actifs dans la partie Est de la RDC, les acteurs de la société civile, le gouvernement et ses partenaires autour d’une même table, pour définir les mécanismes de dépôt des armes et la consolidation de la paix dans cette partie du pays.

Dans une restitution rythmée, les acteurs de la société civile ont donné la quintessence de ce qui s’est passé au Kenya autour de Uhuru Kenyatta, qui était le facilitateur. Outre les journalistes et certains membres de la société civile, le café de presse du jour a également impliqué quelques personnages de la MONUSCO.

Dans son mot de restitution, le président de la société civile forces vives territoire de Rutshuru, Monsieur Jean-Claude Bambaze, a passé en revue quelques recommandations issues de ce processus, qui attend toujours voire son communiqué final être sorti.

« Nous avons recommandé qu’il y ait traque des terroristes du M23 qui nous causent beaucoup de tord, conformément au mini sommet de Luanda. Nous avons également recommandé qu’il y ait des nouveaux animateurs à la tête du PDDRCS (Programme de désarmement, démobilisation réinsertion communautaire et stabilisation), parce que les animateurs au niveau national ne font pas confiance, non seulement à la population, mais aussi aux groupes armés, qui d’ailleurs s’inquiètent de voir quelqu’un qui a été dans les groupes armés être à la tête de ce processus. Donc, ça n’inspire pas confiance… » a fait savoir Bambaze.

La question des réfugiés a également été abordée, ajoute-t-il.

« On a aussi parlé de la question des réfugiés qui est devenue un bouc-émissaire, un alibis, des attaques. Il fallait donc que ces gens soient identifiés, bien-sûr avec la contribution de nos chefs coutumiers qui connaissent mieux les gens qui vivaient chez eux… », encore fait savoir Bambaze.

Nous avons aussi, poursuit Jean-Claude Bambaze, « formulé plusieurs autres recommandations: par exemple lancer des mandats d’arrêt contre ceux qui ont commis des crimes. Parcequ’il ne faut pas que ce processus soit le purgatoire pour innocenter les fautives gens ».

De Nairobi à Kibumba…

Le café de presse de ce jour a également permis de revenir sur les enjeux de la réunion du 12 Décembre 2022, qui a rassemblé les terroristes du M23 avec la MONUSCO, les FARDC, les forces de l’EAC (Etats de la communauté d’Afrique de l’est), les membres de la CIRGL (communauté internationale de la région des grands lacs),… pour réfléchir à en croire Julius N. FONDONG du département des affaires politiques de la MONUSCO; autour des enjeux de la faisabilité du retrait des troupes du M23 des positions occupées dans les territoires du Nyiragongo et de Rutshuru.

Trahison ?

C’est une réunion qui a été une surprise négative pour pas mal de Congolais qui ont abondé dans 2 sens:

1. Nombreux sont ceux qui ont cru que le gouvernement Congolais a fait un rétropédalage en négociant avec une force pourtant composée des terroristes;

2. Nombreux autres sont ceux qui ont dit ne pas comprendre qu’une force régionale se soit réduite en négociatrice alors que sa mission était de combattre et au besoin neutraliser l’ennemi.

Ce qui n’est pourtant pas la même perception du chargé des affaires politiques à la MONUSCO, Monsieur Julius N. FONDONG. Pour lui, la rencontre de Kibumba l’a été sur demande des terroristes du M23. Au cours de cette réunion poursuit-il, il a aussi été question pour les terroristes d’avoir l’assurance auprès des forces de l’EAC et des FARDC qu’à leur sortir des zones jadis conquises, ils ne seront pas attaqués, sans exclure tous les autres enjeux relatifs au retrait de ces ces terroristes.

Il ajoute qu’aujourd’hui, la présence des terroristes du M23 sur le territoire Congolais, est condamnée par plusieurs, y compris la communauté internationale.  » Même à la 72 ème session ordinaire de l’assemblée des nations unies à Washington, la représentante spéciale du secrétaire général des nations unies en RDC, Madame Bintou Keyta a plaidé pour la cause de la RDC… », a opiné Julius.

 » Aujourd’hui, les citoyens congolais doivent se réjouir d’avoir un président qui a su mobiliser le monde autour des problèmes de la RDC, grâce à sa pression politico-diplomatique contre le M23… » a poursuivi FONDONG.

En guise de contribution dans le cadre de son mandat, la mission des nations unies pour la stabilisation de la RDC MONUSCO, mène des patrouilles FARDC-MONUSCO, pour protéger les civils dans des zones non encore conquises.

Les questionnements demeurent …

Les questionnements demeurent au sujet non seulement de la crédibilité de la MONUSCO qui, durant 4 mois, a assisté passivement le contrôle de Bunagana par le M23, mais surtout, a assisté, durant les combats entre les FARDC et les terroristes, à la chute d’abord de Kiwanja, puis de Rumamgabo, l’une des gigantesques bases militaires de l’armée Congolaise.

Pour pas mal, telle est une honte bue, d’une force internationale incapable de contrer une rébellion aussi miniature que le M23.

Alors que les citoyens congolais attendent toujours le retrait des terroristes du M23, d’un côté les sources de la société civile alertent sur le renforcement en hommes des positions conquises par l’ennemi dans les différents villages et localités du territoire de Rutshuru, et de l’autre, les sources militaires rapportent nonobstant que d’importants combats les opposent depuis 3 jours aux terroristes sur les lignes de front dans le groupement de Bishusha, territoire de Rutshuru au Nord-Kivu.

Les sources locales contactées par Radio Okapi à Kitshanga le matin de ce dimanche 18 Décembre 2022, précisent que des tirs y ont été entendus depuis 2 heures du matin, précisément dans la localité de Chumba, groupement Bishusha, à une vingtaine de kilomètres de Kitshanga.

Heureusement, les éléments FARDC ont reconquis plus de quatre localités qui étaient jadis sous contrôle de l’ennemi, dans le groupement de Bishusha, notamment.

 

Les FARDC seules au front ? Et les forces de l’EAC?

Les opérations militaires tant chantées via les différents canaux de communication à l’arrivée des forces régionales à Goma tardent à être lancées. Pendant ces temps, les populations estimées à plus de 350 000 sujets par le haut commissariat pour les réfugiés qui ont fui les combats en vigueur dans leurs milieux naturels, sombrent dans la galère et errent.
Les unes à la Mercie du choléra, des intempéries de tout genre, les autres à la Mercie du viol, des fouets, des traitements inhumains, œuvre du M23, d’autres encore sombrent sous le joug des massacres qualifiés d’après le livre blanc du gouvernement, de génocide et/ou d’épuration ethnique, que continuent de perpétrer les terroristes partout sur le zone de contrôle.

 

John TSONGO/Goma-RDC

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