Eruption du Nyiragongo : les retombées environnementales sont énormes et ont des effets sur la santé humaine (prof. Adalbert MUHINDO)

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Les éruptions volcaniques, bien que passées, présentent des risques très graves de pollution de l’air dans les zones éruptives et par ricochet sur la santé des êtres vivants peuplant ces zones. Cette affirmation publiée dans les études de  plusieurs chercheurs en la matière, a été approuvée par le Professeur Adalbert MUHINDO SYAVULISEMBO, directeur de l’observatoire volcanologique de Goma OVG, dans une interview exclusive accordée à Kivu Nyota mardi 05 juillet 2021.

En effet, les poussières produites par le volcan sont très dangereuses sur la santé de l’homme et des bêtes. Celles-ci sont entassées sur des légumes et sur le pâturage, et cela  pourrait avoir un impact létal sur les individus qui en consomment, notent plusieurs chercheurs, dont ceux d’EMEP (European monitoring and evaluation programme), qui ont étudié l’effet de l’éruption Holuraun du volcan Baroarbunga en 2014-2015, sur la pollution soufrée de l’air en Europe.

Au fait, les éruptions émettent d’énormes quantités de dioxyde de soufre  SO2. Ce S02, se transforme par oxydation au contact de l’atmosphère, en fines particules appelées aérosols sulfatées, SO4. Ces poussières présentent des effets asthmatiques et sont susceptibles de provoquer des maladies des poumons, ainsi que des pathologies cardio-respiratoires graves, notent les mêmes sources.

En ville de Goma, le volcan Nyiragongo est entré en éruption en date du samedi 22 mai 2021. Pour comprendre ce qu’aurait représenté cette éruption sur la pollution climatique, nous sommes allés à la rencontre du volcanologue Professeur Adalbert MUHINDO SYAVULISEMBO, directeur de l’observatoire volcanologique de Goma OVG.

Lors de l’interview avec le volcanologue, celui-ci a approuvé la véracité de ces études abordant plus les questions relatives à la proximité existant entre le volcan Nyiragongo et le lac Kivu (pourvu d’une quantité non négligeable du gaz methane) entre lesquels se retrouve « la très précieuse ville de Goma ».

« Le volcan est un grand polluant ! Le gaz produit par le volcan, pollue à une très grande échelle l’atmosphère. Le volcan renferme en son intérieur, un lac de gaz, appelé panache de gaz. Ce panache de gaz constitue une grande pollution. Le plus souvent c’est cette forme de fumée que vous observez au-dessus du cratère, qui se propage dans l’atmosphère et qui constitue un grand polluant …»,  indique le Professeur Adalbert SYAVULISEMBO, directeur général de l’observatoire volcanologique de Goma, OVG.

Comme la région de Goma renferme le volcan au Nord et le lac Kivu au sud, qu’en est-il aussi du gaz méthane de ce lac ?

« Oui, si le volcan renferme un panache de gaz, le lac Kivu, renferme par contre, du gaz méthane. Ce gaz ne présente pas un risque zéro, vis-à-vis de la population riveraine. Le plus souvent, vous assistez à une asphyxie des individus dans des endroits où il est concentré, les citoyens ordinaires l’appellent Mazuku ».

Dans quelles circonstances l’éruption du volcan entrainerait l’explosion du gaz méthane du lac Kivu ?

« En fait, le gaz méthane se concentre au fond du lac, en dessous des eaux. Pour qu’il y ait explosion de ce gaz, il faut que la lave entre en contact avec le réservoir du gaz.

Mais quand on essaie de comparer la quantité des eaux au-dessus du gaz dans le lac Kivu, à celle du lac Nios qui avait provoqué l’asphyxie des personnes au Cameroun ;  on trouve qu’elle est grande. Pour qu’explosion il y ait, il faut que la lave provoque un bouleversement des eaux, jusqu’à toucher ce réservoir de gaz.

En 2002, la lave est entrée doucement dans le lac, mais pas d’une manière brutale. Il faut donc qu’il y ait une grande masse de lave, qui vienne bouleverser d’une manière brutale, ces eaux, pour ensuite ouvrir le couloir à une quelconque explosion. Mais sinon, nos chercheurs de l’OVG se sont penchés sur le lac Kivu, et ont montré qu’il était encore stable ».

Lors de la récente éruption, vous avez ordonné l’évacuation des habitants de Goma, alors qu’ils ne couraient aucun risque, selon vos explications… Pourquoi ?

« Vous avez senti avec nous des tremblements de terre qui ont provoqué des fissures. Et ces fractures étaient des bouches potentielles de coulées des laves.

Et nous, on craignait deux choses : est-ce que ces fissures-là ne vont pas servir des bouches éruptives ?, est-ce que cette lave qui sortait à partir de la partie Nord de la ville ne va pas progresser ? Et si elle progressait, quelle est la zone qui serait envahie ? Raison pour laquelle nous avons demandé à la population d’évacuer ».

L’exploitation de ce gaz est-elle alors envisageable ces derniers temps ?

« Evidemment ! Le premier ministre en a parlé, même le ministre de la recherche scientifique ainsi que celui des hydrocarbures, voire le chef de l’état. Et je crois que l’exploitation de ce gaz va permettre de réduire sa quantité et produire de l’électricité pour la population.

 Au Rwanda on le fait déjà. Et nous d’ici peu, on pourra lancer le dégazage. Le ministre des hydrocarbures indique que plusieurs projets sont déjà signés dans ce cadre »… nous a signifié leProfesseur Adalbert MUHINDO SYAVULISEMBO, directeur de l’observatoire volcanologique de Goma OVG.

Lors de la dernière éruption du volcan Nyiragongo, il a été visible dans l’atmosphère, des poussières noires. Ces poussières, pouvaient se déposer sur des objets déposés voir déstabiliser la vue.

A cet effet, les experts volcanologues et sanitaires, ont conseillé le port du masque et des lunettes, pour amoindrir les risques liés à l’inhalation de ces poussières et leur absorption par la muqueuse oculaire.

John TSONGO THAVUGHA Goma-RDC

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