C’est un début de semaine cauchemardesque que traversent les habitants de Goma ! Ceux-ci se voient à nouveaux obligés de payer le prix de la mésentente entre l’autorité urbaine et les conducteurs de taxi.
En effet, ce mardi 1er février, la ville de Goma est à sa deuxième journée sans bus ni voiture de transport en commun. Les mouvements citoyens joints aux chauffeurs, disent protester contre la mesure du maire de ville, exigeant la peinture jaune sur tous les taxis bus et voitures.
Cette perturbation du transport en commun que crée ce mouvement de grève pèse sur les gomatraciens depuis le matin de ce lundi où la ville a été privée de son ambiance Trans urbain.
Des chauffeurs et convoyeurs se sont tous ligués pour barrer la route aux récidivistes. Maboko, un des chauffeurs-bus nous expliqué le bien-fondé de la journée sans transport en commun.
<< L’état nous demande de peindre nos véhicules en couleur jaune. Nous ne contestons rien à notre qualité de chauffeurs. Sauf, nos patrons ont déjà refusé cette mesure. Parce que pour la plupart, leurs véhicules sont en vente. Alors en peignant leurs véhicules, ils diminuent automatiquement de valeur. Nos patrons sont tous prêts à payer les taxes qui leur seront exigées par l’état, mais jamais ne peindre en couleur Jaune leurs véhicules. Qu’ils nous en épargnent…>> a-t-il souligné.
Les citoyens ordinaires en pâtissent
Cet esprit radical des transporteurs, a déjà impacté négativement la vie des citoyens ordinaires.
Plusieurs prennent même le risque de monter les motos tripoteurs dites trois pneus, pour joindre les extrêmes (Mugunga, Ndosho, Rusayu, Turunga , Buhené,…) au centre-ville…
Les << ba jua kali >> (terme très employé à Goma pour désigner les débrouillards, « vivant selon le taux du jour ») qui ne savent pas se payer la course à moto, devenue aussi plus chère que de coutume, s’en désolent, le cas d’une commerçante vendeuse de la tomate, rencontrée à l’arrêt Bus Mutinga.
<< J’allais à Birere, chercher la marchandise. Mais je trouve qu’il n’y a pas de bus à cet arrêt. Et avec la moto, on me demande 1500 FC, de Mutinga où je suis, jusqu’au centre-ville Birere. Pourtant, avec le bus, c’est une course pour laquelle je débourse de coutume 300 ou 400 FC. Nous ne savons à ce niveau, comment saurons-nous effectuer des achats et gagner quelque chose par la marchandise que nous prétendons nous procurer. Voilà où situer notre souffrance… >> tente-t-elle de nous expliquer, visiblement désemparée.
Une mesure du maire très controversée
Pour tenter de faire face à l’insécurité dans la ville de Goma, le maire de ville a pris la décision d’ordonner aux tenanciers des bus et voitures de transport en commun, de peindre chacun son engin en couleur jaune… Son vœu a vite été dénoncé et/ou perçu comme un moyen de rançonner les tenanciers des véhicules, attestant que le maire voulait s’enrichir sur leurs dos, en exigeant une taxe de 10 dollars.
Il y a une dizaine de jours, la même autorité a prorogé de deux mois la même mesure, avant de rejeter les allégations de ceux qui pensaient qu’elle cherchait à se faire du lucre.
En outre, ses arguments sont loin de persuader les entrepreneurs dans le domaine du trafic urbain…
<< En aucun jour, le bus n’a été pointé dans un cas d’insécurité en ville de Goma, ni d’enlèvement,… ça jamais !>>, rétorque Mudoko, un chauffeur de taxi.
Une grève illimitée ?
La grève des conducteurs va se poursuivre, jusqu’à ce que l’Etat aura décidé, soit d’annuler la mesure, soit de peindre gratuitement les véhicules, ou carrément d’injecter ses propres engins peints en jaune dans le transport en commun, soutient Adolfe, chauffeur aussi…
<< Que l’Etat mette à notre disposition un garage où nous irons peindre gratuitement nos engins, car nous, on n’a pas d’argents. À défaut, nous allons mettre en repos nos véhicules, et c’est comme cela, que le gouvernement injecte ses propres bus de couleur jaune dans le domaine de transport…>>, tonne-t-il.
Une réaction soutenue aussi par certains propriétaires des véhicules rencontrés. Pour ces derniers, la décision du maire est jugée d’impopulaire, qu’elle ne vaut la peine d’aucun soutien. C’est en tout cas ce que pense Watsap, détenteur d’un bus…
<< C’est impossible ! Comment se fait-il qu’après m’être payé un engin, quelqu’un vienne m’obliger de modifier sa couleur ? Moi, vraiment, mon véhicule ne sera pas mis en service dans ces conditions-là… C’est pourquoi moi-même, vais grever pour cela…>>, Insiste et persiste Watsap.
Le sort réservé aux « conducteurs lâches »
Plusieurs chauffeurs et convoyeurs dits atalaku, se sont ligués pour barrer la route aux contrevenants vis-à-vis de la grève. Mais ils ont vu la police sur leur chemin. Des arrestations et des blessés graves en sont sortis comme résultante.
le soutien des mouvements citoyens
La verenda Mutsanga section de Goma, co-orgasatrice de la grève, appelle le maire à coopérer et non s’imposer ; pour atténuer les retombées surtout négatives sur la paisible population.
<< On ne gère pas un peuple souverain comme des petits esclaves dans son propre pays…>> a pour sa part, lâché, Ricky Patrick PALUKU, son coordonnateur.
D’autres acteurs de mouvement citoyen et ceux de la société civile disent suivre de près la situation et en appellent les uns et les autres à la retenu les invitant à privilégier l’intérêt supérieur de la population.
John TSONGO THAVUGHA et Emmanuel BARHEBWA