Jeudi 24 Février 2022 en ville de Goma, une journée où la ville est moyennement ensoleillée, se clôture une formation accélérée à l’endroit d’une quarantaine des journalistes issus des provinces de l’Ituri, Nord et Sud-Kivu.
Organisée par GIZ dans le but de renforcer les capacités des journalistes des provinces ci-haut mentionnées, ledit épisode formationnel s’est étendu sur deux bons jours, aux cours desquels des experts dans différents domaines de la presse et les hommes de la plume ont eu des échanges d’ajouts et de prospection des nouveaux suppléments pour leurs connaissances initiales dans le monde du Journalisme.
Les Journalistes de l’Ituri et du Nord-Kivu, deux provinces sous état de siège, travaillent dans des conditions loin de l’ordinaire, qui ne leur permettent pas de se sentir dans un climat serein de travail, a fait savoir la présidente de l’Union nationale de la presse du Congo UNPC section du Nord-Kivu, Madame Rosalie ZAWADI ; parlant de la << situation professionnelle actuelle >> des journalistes…
Les journalistes face à la justice militaire…
Les journalistes devraient par ailleurs, se rassurer qu’en exerçant leur métier si noble, ils le font dans le strict respect du code d’éthique et de déontologie régissant la profession. Ils doivent se caractériser par la vérité, la responsabilité, le recoupage de l’information qui se traduit par la confrontation de plusieurs Sources, pour se rassurer qu’ils présentent aux consommateurs, les auditeurs, téléspectateurs et lecteurs donc, un produit exempt des irrégularités. Leur travail ainsi correctement fait, les journalistes auraient moins de conflits et seraient placés à l’abri des dangers et des différends avec la loi,… a conseillé TuvereKwevyo Undikwavwira, point focal JED (Journaliste en danger ndlr) au Nord-Kivu. Ce pannéliste, tentait d’aborder la question relative à << l’analyse à faire sur les cas des journalistes en conflit avec la justice militaire >>. C’est par cette occasion qu’il a évoqué quelques cas des journalistes en conflit avec la loi et quelques approches ayant été mises en œuvre pour leur relaxation et/ou réglement de leurs litiges.
Journaliste et armée,… Chat et souris ?
Décorticant la thématique << Relations entre les professionnels des médias et l’armée >>, le Colonel Guillaume Ndjike Kaiko, a insisté sur l’aspect << collaboration >> qui réunit les journalistes et les forces armées de la RDC. Le colonel Guillaume Ndjike a démontré qu’entre les médias et l’armée, règne un climat d’attente, avant de reconnaître le travail de titan que rendent les professionnels des médias à la province en cette période spéciale d’Etat de siège en accompagnant l’armée notamment.
Le colonel Guillaume a en outre touché un bémol : << il est vrai que l’armée et la loi garentissent une protection au journaliste, mais il y a des lignes rouges que le journaliste ne doit pas franchir, sinon la loi s’appliquera sur lui… Surtout que nous sommes en période spécifique d’Etat de siège…>> A t-il laissé entendre.
Pourquoi l’armée s’arrange toujours t-elle de créer un foncé entre elle et les journalistes ? Pourquoi ne veut-elle, le plus souvent pas communiquer sur ce qui la concerne, laissant ainsi les rumeurs gagner du terrain par exemple en cas d’incursions des forces étrangères sur le sol Congolais ?…
Répondant à ces questions lui posées par les journalistes, le Colonel Ndjike a démontré qu’au niveau de l’armée, le porte-parole ne communique sur instruction de sa hiérarchie, qu’après avoir réuni les éléments du langage…
Éléments du langage,… Oui, mais ces éléments prennent combien de temps pour être réunis ? Cette question qui est restée presqu’au suspens, a privé aux formés, la compréhension de la vraie attitude que prend le plus souvent l’armée face aux journalistes, que les circonstances de recourir à eux l’exigent…
Du journalisme sensible aux conflits à l’usage raisonnable des réseaux sociaux…
Parlant du journalisme sensible aux conflits, Madame Judith, a appelé les journalistes à la retenue et d’user de beaucoup plus d’attention dans le traitement des questions ayant trait au conflit, car en leur qualité de leader d’opinion, les journalistes risquent en cas de leur mauvaise communication, d’embraser la communauté en attisant le feu par leur attitude communicationnelle, si imprudence et inattention il y a.
Sous un autre ton, cette-fois ci dans les matières consécutives à l’usage des réseaux sociaux, Judith a insisté que le journaliste doit se rassurer que le contenu qu’il publie sur ses comptes Facebook, Twitter, Instagram,… doit peser au préalable leur impact sur la communauté. Ses publications ne doivent par exemple pas être de nature à disséminer la haine, la division, l’exaspération des sentiments d’anti-valeurs ou conflictogènes.
Du simple reportage à l’investigation…
Les journalistes doivent par contre, pour participer à la résolution des problèmes du pays, sortir de la culture des simples reportages à l’investigation. Ils doivent aussi apprendre à ne jamais démoraliser leur armée, dans leur façon de communiquer. Dans un contexte particulier pareil à celui de l’Ituri et du Nord-Kivu (provinces sous état de siège), le journaliste doit avoir un carnet d’adresses… Cela lui permet de bien s’inscrire dans la peau de faiseur de vérité… a conseillé Nicaise Kibel bel’Oka journaliste d’investigation, éclairant la lanterne des uns et des autres sur << Comment un journaliste pourrait survivre dans une zone à conflit, les cas de l’Ituri et Nord-Kivu, avec le phénomène ADF, UPDF et FARDC.
La femme journaliste face aux tempêtes stéréotypiques… entre sous-estimations et désillusion,…
Sous un autre chapitre, occasion offerte aux femmes Journalistes, les intervenantes Gizèle KAHIMBANI de l’Union Congolaise des femmes des médias UCOFEM et Éliane Polepole de l’Association des femmes des médias AFEM, ont peint un tableau à peu près opaque de la situation des femmes journalistes qui le plus souvent sont victimes d’un harcèlement sexuel à cause de leur nature féminine, lors de l’exercice de leur métier. << Elles sont mariginalisées et privées des postes de responsabilité, d’un côté et découragées par leurs propres parents d’affronter le journalisme sous peine que c’est un métier des << prostituées >>,…de l’autre >>.
C’est ainsi qu’elles ont exhorté tout le monde à promouvoir la femme sur fond de ses qualités, lesquelles surpassent dans plusieurs cas, celles de certains hommes, ont-elles insité.
Comment vivre Journaliste à l’Est de la RDC ?
Il est par ailleurs vrai que, le travail du journaliste dans la partie Est de la RDC n’est pas aussi rose qu’aisé. C’est en perspective de cette conviction qu’à l’issue d’une séance des travaux en carrefour, les Journalistes ont par exemple eux-mêmes soulevées des approches holistiques pour s’adapter à ce climat.
Respecter les lois du pays, les règles du métier, alerter sa rédaction, le promoteur de son média, et /ou toute autre structure ou plateforme de défense des droits des journalistes en cas de sa vie menacée sous toutes quelles formes puissent – elles être, se faire accompagner d’un juriste en cas de conflit avec la justice militaire,… C’est autour de tout ce qu’à l’unanimité, les hommes de la plume ont pu se mettre d’accord pour mieux exercer dans la partie Est de la RDC.
<< Nous remercions les organisateurs de cette formation accélérée à l’endroit des journalistes et nous voudrions qu’elle ne soit pas la dernière…>> Ont abondé les participants dans leur mot précédent les dernières étapes de la clôture de la deuxième journée de la formation.
Comme pour donner une valeur ajoutée à la teneur des matières offertes aux hommes des médias, GIZ a, par le biais de Teresa et Rosalie ZAWADI, offert des brevets à tous les participants, une des ultimes gestes des deux jours de concentration des journalistes sur les grandes lignes à s’approprier pour se rendre compte qu’on peut vivre de ce metier.
John TSONGO TAVUGHA