Bras de fer entre Kabila et Tshisekedi autour de la cour constitutionnelle: l’adresse à la nation, loin de mettre fin à la crise

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La RDC traverse un tournant politique inédit dans son histoire ces dernières semaines. Les deux alliés politiques au pouvoir, alors qu’ils s’efforçaient de diriger ensemble le pays ces deux dernières années, malgré leurs divergences de points de vus, sont cette fois, à travers l’événément du mercredi 21 octobre 2020, arrivés au terme de leur tolérance les uns envers les autres.

D’après plusieurs observateurs, c’est peut-être l’événement qui marquera la fin de cette coalition historique entre deux adversaires farouches d’hier,devenus alliés à ce jour, suite aux accords qu’ils avaient signés.

Mercredi 21octobre 2020, une date qui devrait être historique dans la vie politique de la RDC

Ce qui s’est passé le mercredi 21 octobre 2020 pourrait rester dans les annales de l’histoire politique de la RDC. Une des grandes cérémonies comme la prestation de serment des juges de la cours constitutionnelle se tient en l’absence non seulement du premier ministre, des présidents de deux chambres, mais aussi des députés et sénateurs majoritaires dans les deux chambres(membres du FCC).

Que s’est-il réellement passé pour en arriver là?

Tout part de la décision de la présidence de la RDC, d’organiser la cérémonie de prestation de serment des trois juges de la cour
constitutionnelle, récemment nommés par le chef de l’Etat et dont les nomminations ont été contestées par ses alliés du Front Commun pour le Congo, plate-forme de Joseph Kabila, ancien président de la RDC, les qualifiants d’illégales.

En effet les ordonnances nommant ces trois juges à la haute cour avaient été contrésignées par le vice-prémier-ministre et ministre de l’intérieur Gilbert Kankonde de l’UDPS, lorque le premier-ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba (du FCC) était en mission de service à Lubumbashi. Chose inacceptable pour le FCC.

A la veille de cette cérémonie, alors que les membres de la coalition « Cap pour le Changement » de l’actuel président sont plus que mobilisés pour y prendre part, leurs alliés du Front Commun pour le Congo refusent catégoriquement de fouler leurs pieds à la salle de congrès où devrait se ténir la cérémonie, la qualifiant d’irrégulière.

La situation reste tendue jusqu’à la ténue de l’activité où ni l’un, ni l’autre, de ces deux camps, ne revient à sa décision.
Les trois juges prètent finalement serment devant le chef de l’Etat et d’autres parlementaires, en l’absence des membres du FCC(majoritaires au parlement) dont, le premier ministre et les présidents de deux chambres.

Pour plusieurs observateurs, les deux alliés politiques ont montré, à travers cette cérémonie, leur incapacité de continuer à diriger le pays ensemble. Certains partisans du parti présidentiel iront même jusqu’à réclamer auprès du Raïs la dissolution de l’Assemblée nationale.
Pendant ce temps, le FCC dira ne pas reconnaître le pouvoir de ces trois juges félicitant ses parlementaires pour le boycott de cette cérémonie.

Une situation qui renforce la crise entre les coalisés et qui pousse le président à faire, d’urgence, une adresse à la nation 48 heures après.

Dans l’adresse à la nation, le président annonce la mise en place d’une « Union sacrée »;un concept un peu étrange

Dans son adresse à la nation vendredi 23 octobre 2020, le chef de l’État a annoncé « le début dès la semaine prochaine des contacts visant à consulter les couches socio-politiques de la République Démocratique du Congo ». À l’issue de ces consultations, a promis Felix Tshisekedi, « je
reviendrai vers vous, dans une nouvelle adresse, pour vous faire part de mes décisions qui n’exclueront aucun cas de figure ».
Est-ce la fin de la coalition ? Est-ce une façon de reconstituer une nouvelle majorité parlementaire pour divorcer avec ses alliés ? Est-ce un échappatoire vis-à-vis du poids qui pèse sur lui actuellement? En tout cas, l’opinion tant nationale, qu’internationale continue a s’interroger sur l’issue des consultations annoncées par le chef de l’Etat et sur le nouveaux concept qu’il a employé  » Union sacrée pour la nation ».

« Eu égard à ce qui précède et considérant que le salut du peuple est la voie suprême, j’ai décidé d’entamer dès la semaine prochaine une série de contacts visant à consulter les leaders politiques et sociaux les plus représentatifs afin de récueillir leurs opinions à l’effet de créer une union sacrée de la nation autour des objectifs précités » a annoncé le chef de l’Etat.
Et de poursuivre : « Ces consultations visent la refondation de l’action gouvernementale autour des principes de participation dans la gestion du pays.

Les réactions des congolais, pas totalement en faveur du chef de l’Etat

Dans la foulée, le message du chef de l’Etat est interprété des diverses manières.

Pour certains analystes, Felix Tshisekedi est au point d’en finir avec ses alliés « qui l’empèchent d’être véritablément président de la République et de matérialiser sa vision ». D’aucuns pensent que « l’union sacrée pour la nation » que le chef de l’Etat a promis de mettre en place, lui permettrait de se reconstituer une nouvelle majorité au parlement. Il pourrait dans les consultations qu’il a annoncé, rencontrer ses anciens amis de l’opposition, certains dissidents du FCC, ou encore d’autres politiciens en quête de positionnement, pour avoir enfin du poids face à son plus puissant allié, le FCC.

Néanmoins, une certaine opinion pense qu’il ne pas juste pour Tshisekedi d’attribuer à ses partenaires la responsabilité de tous les échecs qu’il enregistre durant son règne.

« En clair Tshisekedi dit aux congolais qu’il n’y a que lui qui soit de bonne foi et que les autres sont des gens qui veulent lui mettre les batons dans les roues » écrit un médias en ligne de la RDC. Celui-ci indique aussi, qu’au lieu de dialoguer avec ses partenaires,avec qui il a librément signé de travailler en coalition plutôt qu’en cohabitation, le chef de l’Etat est entrain de tenter un coup de force « avec la bénédiction des puissances occidentales, les Etats Unis en prémier, dont l’agenda pour un congo uni reste flou ».

Le président de la République dévrait, d’après ces analyses, apprendre à respecter les accords. « Il les a toujours signé en âme et conscience mais il est toujours prèt à les briser suite à la pression de « sa base  » (son parti politiques. Parlant des accords non respectés, ces analyses citent les accords de Génève, de Naìrobi et l’actuel accord avec le FCC, au point d’être brisé.

Les semaines qui viennent s’annoncent très déterminants pour l’avenir de la RDC, sous le règne du
tout premier président congolais à accéder au pouvoir à l’issue d’un transfert démocratique et pacifique du pouvoir.
Wait and see disent les anglais…

Emmanuel Barhebwa

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