Au moins 108 familles de Bugamba, KATINDO 2, Nyabushongo, Ngangi et Mugunga ont bénéficié cette semaine d’un appui en vivres et non vivres pour mieux affronter cette période de confinement. Cette action caritative est l’œuvre de l’émission KAZIYA PALE présentée sur UB/FM par Madame Huguette KANUMBU qui est partie famille par famille pour éviter la propagation. Selon l’initiatrice, la population dans ces milieux vit une terrible misère qu’il lui sera difficile d’affronter cette période de COVID-19. Elle invite toutes les personnes de bonne volonté à l’accompagner. Kivunyota Hebdo l’a rencontrée cette semaine…
Kivunyota Hebdo : Madame Huguette Kanumbu, vous êtes présentatrice de l’émission KAZIYA PALE sur UB/FM. Vous avez effectué une série d’activité cette semaine, pouvez-vous nous dire c’était quel type d’activité et en quoi cela a consisté ?
Huguette KANUMBU : Nous avons lancé une initiative KAZIYA PALE à travers mon émission KAZIYA PALE que je fais sur UB/ FM. On a toujours l’habitude de faire des SOS mais aujourd’hui, c’était une façon particulière parce que c’est un SOS qui concerne tout le monde. Nous l’avons nommé KAZIYA PALE SOS COVID-19 pour venir en aide aux familles démunies, des familles vulnérables confinées qui n’ont pas assez de moyens pour subvenir à leurs besoins. Elles n’ont pas de quoi mettre sous la dent. Hier on a assisté plus de 57 familles vraiment très pauvres. Parmi elles, il y a des familles qui nous disaient qu’elles font deux, trois, quatre jours sans manger pourtant elles ont des enfants, toute une grande famille, elles vivent une terrible vulnérabilité. Et aujourd’hui on a assisté 52 familles, ce qui fait au total 109 familles.
KNH : Quel est l’objectif pour vous de faire tout cela ?
HK : L’objectif est de permettre à certaines familles à mieux vivre pendant cette période de confinement. C’est pourquoi on est allé leur apporter de l’aide, non seulement en termes de nourriture mais aussi une petite enveloppe contenant un petit capital pour démarrer une activité génératrice de revenu. Nous voulons aussi les sensibiliser sur comment se prendre en charge pour éviter le coronavirus pendant cette période. Vous qu’il y a certaines personnes qui sont à Goma mais qui ne connaissent même pas le coronavirus c’est quoi étant donné qu’elles n’ont pas les moyens de suivre des informations à la radio ou à la télévision. Nous avons profité de cette occasion pour les sensibiliser comment se protéger, comment laver les mains, éviter la foule, etc. Nous leur avons aussi apporté quelques objets de protection comme des savons, des désinfectant, des masques et autres.
KNH : Alors dites-nous un peu ça se passe comment, comment est-ce que vous récoltez les fonds et ciblez toutes ces personnes nécessiteuses ?
HK : En ce qui concerne cibler, à Goma, il y a toute sorte de personnes : Il y a les riches, les moyens, les pauvres, les très pauvres au vrai sens du terme. Avec mon émission KAZIYA PALE, j’ai lancé l’initiative et j’ai demandé de l’aide à tout un chacun de bonne volonté. Nous n’avons pas un sponsor officiel. C’est juste cette bonne volonté de faire les choses. Les auditeurs envoient de l’argent via Airtel Money, les autres viennent avec leur contribution à la radio et donnent de la nourriture, les habits et autres types de contribution. Je profite donc pour remercier tous ceux-là qui donnent plus, les gens de Goma et d’ailleurs. En ce qui concerne cibler, je lance à la radio un appel à tous les gens qui sont dans les besoins, ceux qui font deux ou trois jours sans manger et qui n’ont pas une activité quelconque, qui n’ont pas de commerce. Nous leur demandons d’appeler pour nous donner leurs noms, leurs adresses complètes et leurs coordonnées afin de les contacter. Avant d’aller leur donner notre contribution, nous effectuons une descente deux ou trois jours avant pour se rassurer de leur vulnerabilité. Si leur vulnerabilité est prouvée, nous les mettons sur la liste des bénéficiaires.
KNH : Surement que ces familles que vous visitez ont une vie misérable, ça doit être très pénible pendant cette période. Est-ce que vous pouvez nous raconter la vie de ces personnes que vous rencontrez ? Sont-elles vraiment nécessiteuses. Racontez-nous un peu leur environnement, une façon d’encourager la personne qui nous lit ou qui nous entend à pouvoir faire quelque chose et être beaucoup plus attirée par la compassion envers ces personnes.
HK : Ces personnes sont dans une terrible situation très difficile. Je profite de cette occasion pour demander aux autorités provinciales de ne pas seulement faire passer des publicités à la radio ou à la télévision. Il faut qu’elles se rassurent que le message est bien capté par tout le monde. Il y a des gens qui souffrent ici, qui n’ont même pas les moyens pour suivre l’information parce qu’elles n’ont pas de radios, de télévision. Je me suis rendu compte qu’ici à Bugamba, KATINDO 2, Nyabushongo, là très très loin, il n’y a même pas d’eau. Comment on va dire à quelqu’un qu’il faut chaque fois se laver les mains ? Si quelqu’un a 200 FC, il achète un bidon d’eau. Cette eau, tu ne vas pas lui demander de la gaspiller en lavant les mains tout le temps ! Il a six enfants. Ça doit lui servir à préparer la nourriture ou à faire autre chose. Ça devient comme un bidon d’huile. Et donc, quand vous dites lavez-vous les mains, rassurez-vous que la REGIDESO envoie ou distribue de l’eau gratuitement ou même à la rendre disponible partout. Ces gens vivent dans une misère totale, des gens qui font trois ou quatre jours sans manger, qui vivent dans une maisonnette de deux ou trois mètres, sans fenêtre. En tout cas, c’est très difficile ! Que les autorités provinciales pensent à ça et voient comment leur venir en aide.
KNH : Est-ce que le processus continue ? Aujourd’hui jeudi 2 avril c’est le dernier jour ? Ou bien vous allez encore continuer ? Est-ce que vous avez les moyens nécessaires pour continuer cette action ?
HK : Nous n’avons vraiment pas des moyens nécessaires. C’est pourquoi nous avons stoppé. Sinon on aurait voulu le faire tous les jours mais ce qu’on avait c’était juste pour 120 familles auxquelles on a distribué hier et aujourd’hui. C’est pourquoi dans l’émission KAZIA PALE, j’ai encore lancé un message aux gens de bonne foi à nous soutenir, d’envoyer leur contribution pour voir comment faire une autre descente la semaine prochaine pour aider encore une centaine de famille. Je remercie encore tous ceux qui commencent à envoyer, ceux qui envoient leurs contributions à la radio. C’est quelque chose de très important. On n’a pas de sponsors. On a juste cette bonne volonté. J’en appelle à la conscience de tout un chacun de bonne fois. Si tu vis, tu dois savoir qu’il y a d’autres qui souffrent réellement. Le mieux c’est de les aider pour qu’ils vivent aussi. Tu peux être en ville, dans une situation de noblesse. Si tu ne penses pas aux pauvres, ils peuvent t’amener la maladie et toute ta richesse ne te servira à rien. Nous devons donc nous protéger et protéger les autres. La meilleure façon de nous protéger, c’est surtout protéger ces pauvres qui n’ont même pas de l’eau pour se laver les mains, qui n’ont même pas les moyens pour suivre les informations qui leur disent comment ça se passe. Ils n’ont pas beaucoup plus de formation pour cette maladie. Tu dois faire ce que tu peux. Si tu as ton voisin qui est dans cette situation, en l’aidant avec le peu que tu peux, ça fera vraiment du mal à personne.
KNH : Pour la personne qui voudrait donner sa contribution à cette initiative, rappelez-nous quels sont les moyens à travers lesquels il peut faire parvenir sa contribution.
HK : Il peut venir à UB FM, situé au rond point Signers, bâtiment JP BISWEKA, et voit la réceptionniste ou Huguette KAN. Il peut aussi nous envoyer une petite contribution, n’importe laquelle au 09 91 80 70 71. On aimerait poursuivre cette initiative pendant cette période de confinement même après. Nous voulons le faire une ou deux fois le mois. Nous pensons que ça pourrait peut-être diminuer le taux de chômage et le taux de souffrance à Goma. On a pas juste pensé à la nourriture. Tu peux donner de la nourriture aujourd’hui ce qu’on a donné, ça va juste servir une semaine ou deux semaines mais si tu donnes un peu d’argent pour démarrer une activité ça va aider continuellement.
KNH : Madame Huguette, nous vous remercions d’avoir répondu à nos questions. Qu’avez-vous à ajouter ?
HK : C’est moi qui vous remercie. Je rappelle que mon initiative est juste pour aider les gens. Certaines personnes m’ont demandé si je compte postuler ou je veux me créer un nom. Non. C’est quelque chose que j’avais commencé depuis 2015. J’ai juste les idées, la volonté de faire. Je sais et je vois que je ne peux pas faire grand-chose. C’est pourquoi je demande encore l’aide de tout un chacun. Que chacun fasse quelque chose. Ensemble nous pouvons faire et sauver des vies. Ensemble, sauvons des vies pendant cette période de confinement pour lutter contre COVID-19. J’insiste encore et demande à la REGIDESO d’envoyer de l’eau dans tous les quartiers. Non seulement les quartiers des riches mais aussi ceux des pauvres. COVID-19 affecte et les riches, et les pauvres ! Ce n’est pas pour une classe sociale quelconque