Goma : La jeunesse dit non à l’exploitation du pétrole dans le parc national de Virunga

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L’exploitation du pétrole dans le parc national des Virunga continue de susciter des tensions au sein des cœurs des uns et des autres à travers la province du Nord-Kivu et à l’extérieur.

Le 5 Juin de chaque année, journée mondiale de l’environnement, une équipe composée en majorité des jeunes, a organisé une séance de réflexion sur les enjeux qui guettent l’environnement, en particulier les grands changements qui ont secoué la planète depuis les trois dernières décennies.

Ces jeunes, ont, lors de différentes prises de parole, démontré que les dernières années de clôture du 20 ème siècle, l’environnement a connu une pression de l’activité anthropique qui a bouleversé les écosystèmes forestiers tant au niveau local que mondial.

<<J’ai été personnellement surpris en attendant que la grande réserve forestière du Brésil a été frappée par un incendie spectaculaire.

Le fait que le président Brésilien Joao Bol SONARO n’ait pas été en mesure de contenir le feu, a occasionné un ravage de plusieurs hectares, et cela est une véritable perte en terme de réservoir de séquestration du CO2.

Je pense que tous ces phénomènes d’incendies incompréhensibles couplés à la progressive fusion de la glace polaire, ne devraient pas nous laisser indifférents.

C’est une interpellation parlante, preuve d’un réchauffement climatique réel, avec des faits très immédiats.

Malheureusement tous ces événements ne semblent pas attirer l’attention des « grandes puissances » qui sont censés prendre cette question en main.

À notre niveau en tant que jeunes, nous devrions changer notre façon de réfléchir là-dessus, encore que les dirigeants actuels sont tous vieux pour la plupart et risquent de nous léguer un joli problème, que nous devons coûte que coûte résoudre…

Faire semblant comme si cela ne nous concerne pas, c’est une façon de décliner une lourde responsabilité qui risque de nous affecter et nos descendants…

Que chacun pose un acte de quelle nature ou taille soit-il, pourvu que ce dernier entre dans le cadre du maintien de l’environnement.

Ça peut être la plantation d’un arbre, la collecte des déchets plastiques, l’éducation environnementale tout autour de soi à l’intention de ses proches, etc.

Et là, nous pourrons nous rassurer que nous contribuons chacun à ce qui le concerne, à la préservation de l’environnement…>> a souligné Patrice chercheur en Environnement. 

Non à l’exploitation du pétrole dans le parc national des Virunga

Depuis un temps, l’entreprise SOCO, a signé un contrat d’exploitation du pétrole dans le parc national des Virunga, patrimoine mondial de l’UNESCO.

Cette exploitation, pourrait entraîner la pollution des eaux du lac Édouard, partie de ce parc, jusqu’à conduire à la mort de plusieurs espèces halieutiques, de quoi dépend pourtant la vie des milliers des populations riveraines.

Des organisations de la société civile Congolais ainsi que plusieurs organisations pro environnementales dénonçant ce qu’ils ont appelé << la volonté délibérée des gouvernants, à sacrifier la vie des personnes, des végétaux et des animaux… qui dépend de ce parc >>.

Pour Justin MUTAESHA, membre de l’association des jeunes pour le progrès et développement du Congo AJPDC, l’exploitation du pétrole dans le parc, est une approche qui remporterait des moyens colossaux dans les caisses de l’État.

Néanmoins, dans le contexte actuel où tout le monde reste touché par les effets néfastes directs du réchauffement climatique, cette exploitation n’a pas sa raison d’être.

Maintenir le parc intact, estime-t-il, générerait plus d’argent par le tourisme, le crédit carbone, la purification de l’air, la sauvegarde de la biodiversité… au profit des générations contemporaines et futures en même temps.

La population riveraine du parc, veut l’exploitation du pétrole

En dépit des efforts des uns et des autres à plaider pour la sauvegarde du parc au détriment de l’exploitation du pétrole, les populations riveraines en lisent une démarche téméraire.

Les populations riveraines ont depuis longtemps et toujours, dénoncé leur non association à la gestion de ce patrimoine, et par conséquent, elles méconnaissent réellement le pourquoi de son existence car à leur entendre dire, elles n’en bénéficient pas.

Par contre, dénoncent-ils, c’est de cette protégée que proviennent les rebelles qui pillent leurs biens, qui kidnappent leurs proches et ses gestionnaires s’arrogent les terres des pauvres paysans.

Tous ces aspects ont contribué à encrer une méfiance des riverains vis à vis des gestionnaires et du parc lui-même, regrettent les jeunes de l’AJPDC.

La population a raison !

Ce point de vue partagé par un participant à la séance, soutient que les gestionnaires du parc national des Virunga, ont annoncé il y a 3 ans, qu’ils créeraient plus ou moins 45 milles emplois en faveur des riverains du parc.

Ces emplois permettraient de résorber le chômage de plusieurs citoyens qui, par manque d’occupation, s’adonnent courageusement à la pêche illicite sur les eaux du lac Édouard, au braconnage en plein parc et à la carbonisation, par la coupe folle des essences forestières de cette aire protégée.

Dans la même perspective de réduire l’impact de la pression anthropique sur le parc, les autorités de l’ICCN (Institut Congolais pour la conservation de la nature) section des Virunga ont lancé des projets de construction des centrales hydroélectriques, pour fournir du courant électrique aux citoyens et qui leur permettrait de ne plus utiliser la braise pour cuisiner … ce qui réduirait la perte d’essences arboricoles par carbonisation.

Mais hélas ! l’ICCN, n’a créé que près de 9 milles emplois en contradiction à ce qu’il a annoncé précédemment. Il a commencé à produire de l’électricité certes, mais à quel tarif la population accède-t-elle à cette denrée ? S’interroge ce citoyen.

Comment reconstruire la confiance entre la population et l’ICCN ?

Pour y arriver, plusieurs approches doivent entrer en jeu.

Il faudrait que la gestion du parc des Virunga passe de la gestion << autoritaire à la gestion mixte communauté locale-autorités de l’ICCN ;

Il faudrait que les gestionnaires du parc vulgarisent correctement le bienfondé de son existence ;

Il faudrait également que les gestionnaires du parc construisent des écoles, des hôpitaux, des ponts et autres édifices de valeur en faveur des riverains, et cela permettrait à ces habitants de se rendre réellement compte de cette aire protégée leur apporte… soutiennent la plupart des participants à la séance.

Un des 17 plus grandes destinations touristiques du monde et un des top 7 du continent Africain, << le parc national des Virunga mérite toute une autre place de valeur que celle de le réduire à la destruction par l’exploitation du pétrole >>, indique Justin.

John TSONGO THAVUGHA Goma-RDC

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