GRATUITE DE L’ENSEIGNEMENT PRIMAIRE EN RDC ; 2020-2021 s’annonce pire que l’année covid19 !

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Voilà plus ou moins deux mois que les écoliers et élèves de la République Démocratique du Congo ont repris, à pas pesant, le chemin de l’école pour 2020-2021 après une année 2019-2020 tintamarresque, coiffée par des résultats proclamés avec hésitation, tantôt…plutôt la réussite ou l’échec, selon une projection subjective ancrée dans les chefs des responsables d’établissements. Il n’en demeure pas moins d’ailleurs, que les résultats des Examens d’Etat dont le programme a été fabricoté en dernière seconde, demeurent jusqu’à ce jour contestés, peu importe l’avènement de la pandémie mondiale de COVID19 qui n’aura que chambardé le désordre béant que l’annonce de la gratuité avait d’avance crée dans ce secteur. 

Cette année encore, des syndicats commencent à se mordre le petit doigt pour observer la matérialité de la gratuité en ce qui concerne l’enseignement primaire ; gratuité proclamée à sermon magistral par le Président de la République Démocratique du Congo à l’aurore de l’ouverture de l’année scolaire 2019-2020, reconduite par analogie encore cette année.

En province du Nord-Kivu par exemple, on fait face à un retour dans l’histoire. En effet, le concret ne se manifeste toujours pas après plusieurs mouvements des grèves organisés par les Syndicats des enseignants d’école publiques, conventionnées protestantes et catholiques, la Force Syndicale Nationale dite « la base », pour ne citer que ceux-là ; pendant que le Secrétaire Général à l’EPST M. Jean-Marie MANGOBE n’a eu aucun scrupule de marteler cette fallacie de la propagande fatshiste qu’est la gratuité.

Conséquence :
La résilience se forme autour de la promesse du chef de l’Etat quant à la gratuité. Du coup,les réunions des enseignants se sont multipliées les deux premiers mois après la rentrée des classes. Certains sont pour une paye clandestine que supporteraient les parents d’élèves, d’autres cependant couvrent cette manigance par des grèves non sèches, enfin une autre frange d’enseignants vire vers la démotivation, et ne dispense plus les cours comme il est d’exigence.

Bien encore, certains Chefs d’Etablissement qui ont trouvé en début de cette année cette démarche de gratuité une catastrophe à la fois de procédure et de matérialité, se sont vus interpellés par l’autorité judiciaire pour avoir demandé auprès des parents une prime. Plus concrètement, cas est du Préfet de l’Institut MAJENGO, une école conventionnée protestante dans le quartier Mabanga-Nord, celui de l’Institut Saint Michel, conventionnée Catholique au quartier KATOYI, le Directeur de l’Ecole Primaire HIMBI, celui de l’EP ASIFIWE ; le Préfet de l’Institut KYESHERO, celui de l’Ecole du Cinquantenaire, de l’Institut BYAHI (qui partage la même enceinte que l’Institut MWANGA) figurent parmi ceux qui ont reçu la mise en garde des instances judiciaires.

L’année dernière, faut-il aussi le rappeler, certains chefs d’établissements à l’instar du Révérend Abbé Floribert MALEMO KIHUO du Collège MWANGA de Goma, pour ne citer que ce seul cas concret, ont été aussi la cible des poursuites pour « avoir désobéi au mot d’ordre de la gratuité ».

Quel défi dans la paye des enseignants ?

Le ministère de l’Enseignement Primaire, secondaire et Technique (EPST) confirme à coup de marteau que des mesures pratiques sont prises pour matérialiser cette vision du chef de l’Etat : le Service de Comptabilité et Paye des Enseignants SECOPE au Nord-Kivu, par exemple a été, l’année scolaire dernière, la cible d’au moins deux sit-in des enseignant qui exigeaient plus de clarté sur la question des listings qui ne répondaient pas aux avenants des enseignants.
132 mille unités ont été servies par paliers depuis l’année dernière, se félicite le Ministère chapoté par M. Willy BAKONGA.
Dans son rapport d’évaluation pour la paye d’octobre, le ministère de l’EPST a claqué son petit doigt de maintenir le bon cap de ce 132mille anciens professionnels de la craie à travers le pays auxquels se sont ajoutés quelques 58 mille nouvelles Unités (NU) qui ont reçu leur cagnotte en attendant que les Non-payés (NP) retrouvent eux-aussi leurs comptent crédités par l’Etat congolais pour leur mission noble d’éduquer la jeunesse congolaise.
Sur un budget de 6,8 milliards de dollars américains projeté pour l’année 2021, il convient de se poser la question de savoir quelle proportion l’Etat congolais a attribué à la gratuité de l’enseignement primaire pour corriger les erreurs de l’année écoulée.

Que disent les syndicats ?

Ce rapport de fin octobre brandi par le ministère de tutelle depuis des bureaux climatisés de Kinshasa, sont de loin contestés par les syndicats des enseignants à l’arrière-pays qui parlent d’une désorganisation totale dont sont victimes les professionnels de la craie.
Le SYNEP (Syndicat National des Enseignants d’écoles protestantes) en province du Nord-Kivu ne cache pas le terme de « népotisme » qui caractérise cette paye. Elle parle d’une paye exécutée au moins à 40% sur le terrain, sous la barbe impuissante des services attitrés, à qui d’ailleurs cela profiterait ;
Dans la province éducationnelle, poursuit ma source, 1.648 enseignants ont été répertoriés pour la paye du mois d’octobre, mais seulement 600 ont été servi, 1048 autres sont abandonnés à leur triste sort. Cette paye sélective qui est de coutume depuis, poursuit le SYNEP.
L’année dernière, au moins 200 enseignants ont réussi le test pour la promotion d’Inspecteurs, mais il se dégage amèrement que leur salaire de la gratuité tshisekediste ne lâchent pas leurs poches, bien que ces bienheureux inspecteurs ont consenti de céder leurs places respectives à de nouvelles unités enseignantes qui donnent cours sans jamais espérer à une prochaine paye.

Le calendrier scolaire, sera-t-il respecté ?

Si l’année dernière, au moins six mois ont été consacrés à la riposte au corona virus, cette année, le calendrier prévoit des réajustements des dates. Déjà au 24 décembre, les enseignants devront remettre aux élèves les résultats de la première période. Entre temps, au moins 25 congés sont programmés pour cette année de 222 jours qui doit se clôturer au 23 juillet 2021 selon le calendrier Du Ministère de l’EPST ; les grèves en coulisses des enseignants ne sont pas une chose à craindre, comparées au manque de motivation en classe qui est non sans impact sur la qualité de la crème intellectuelle en pleine formation dans la gratuité.

Pour lever ce paradoxe entre discours politique qui relève d’une volonté manifeste et la matérialisation de la gratuité en elle-même ; des experts abordés par Kivu NYOTA Magazine corroborent les rapports de certaines organisations du système des Nations-Unies et autres qui suggèrent qu’en principe, la gratuité devrait être le fruit d’un processus de plus ou moins 5 ans d’essai-erreur avant toute annonce, puisqu’après ce délai, l’Etat congolais aurait une idée claire sur les contraintes et les détours possibles qu’exigerait cette gratuité. A ce propos, des experts du ministère l’enseignement préconisaient au départ, un budget de deux milliards de dollars américains réévalués au courant de l’année écoulée par les observateurs avisés qui cogitent au même moment que l’annonce du chef de l’Etat congolais est en train de voler en catastrophe sur tous les cieux mensongers.

Flavien MUHIMA

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