Au cours d’une exclusivité avec KivuNyota ce jeudi 05 octobre 2023, en marge de la journée mondiale des enseignants célébrée ce jour, Ce professeur d’université et Directeur Général de l’ISP/Goma, est revenu sur les conditions difficiles dans lesquels travaillent plusieurs enseignants congolais, appelant les dirigeants à prendre très au sérieux la question de leurs prises pour éviter des pires conséquences sur l’éducation des enfants et des jeunes.
À en croire le Prof Butoa Balingene, en RDC les défis à relever dans la prise en charge des enseignants sont très nombreux.
« Au Congo on dit souvent que les enseignants travaillent en saignant…Ils travaillent dans de mauvaises conditions, avec un salaire qui ne suffit pas, des matériels qui n’existent presque pas dans beaucoup d’écoles, le suivi n’est pas régulier puisque les inspecteurs ne sont pas bien motivés,etc. Et donc, il y a beaucoup d’efforts à fournir pour résoudre le problème des enseignants chez nous » a-t-il fait savoir.
Le Directeur Général de l’Institut Supérieur Pédagogique de Goma, qui revient d’un Colloque international ayant porté sur « l’Education comparée » et durant lequel il a exposé sur « l’environnement de l’Éducation au Congo », renseigne que:
« En RDC, seuls 4,7% d’apprenants ont déjà été en contact avec internet; alors qu’ailleurs c’est à travers cet outil-là qu’on soutient l’éducation. 8,33% d’apprenants en milieu urbain ont accès à l’électricité à l’école, 24,5% en ville ont accès à l’eau potable, il y a de classes pléthoriques avec une moyenne de 68 apprenants par enseignant…c.à.d que dans beaucoup d’endroits, des gens travaillent dans des conditions difficiles;…«
Les conséquences sont déjà là..
Butoa Balingene estime que les conséquences de la mauvaise prise en charge des enseignants sont déjà visibles dans la communauté.
Il déplore par exemple, le fait qu’on trouve aujourd’hui des étudiants qui ne savent pas composer même une seule phrase, « ce montre que l’enseignement a perdu de sa saveur, alors qu’avant l’Éducation était vraiment le pilier du pays« .
Pour lui, la situation actuelle des enseignants devrait interpeller les parlementaires sur le budget alloué à l’Éducation.
« Il y a des pays pour lesquels l’Éducation prend même la moitié du budget. Et c’est avec raison. Parce que si l’éducation est bien prise en charge, les choses vont bien s’améliorer dans tous les secteurs. Ce que nous ne devons pas oublier est que, que ce soit un médecin, un juriste, un ingénieur…tous ces gens-là passent par la main de l’enseignant.
Et si l’enseignant lui-même n’est pas bien formé, s’il travaille dans des mauvaises conditions, tous ces autres-là ne vont pas bien exécuter leurs travaux… » insiste-t-il.
La combinaison Enseignement-Entrepreneuriat, astuce pour contourner les défis
À l’Institut Supérieur et Pédagogique de Goma, que dirige depuis environ une année le professeur Butoa Balingene, une nouvelle approche est en train d’être mise en place, pour éviter que l’enseignant croupisse dans la pauvreté: l’insertion des notions d’entrepreneuriat dans la formation des enseignants.
« Chaque enseignement à l’ISP/Goma doit se terminer par une partie d’entrepreneuriat. C.à.d montrer aux étudiants comment est-ce qu’ils peuvent faire l’argent en étant enseignant. Et là on donne des techniques aux étudiants pour les rendre capables de créer l’argent… Et je trouve que c’est une innovation qui marche et qui va porter des bons fruits dans les jours qui viennent » a-t-il souligné, encourageant les jeunes passionnés du métier d’enseignant à ne pas hésiter de se lancer et de venir à son institution.
La journée mondiale des enseignants et enseignantes est célébrée depuis 1994, commémorant la signature de la Recommandation OIT/UNESCO concernant la condition du personnel enseignant.
Elle est l’occasion, selon L’UNESCO, de célébrer la façon dont les enseignants transforment l’éducation, mais aussi de réfléchir au soutien dont ils ont besoin pour déployer pleinement leur talent et leur vocation, et de reconsidérer la perspective d’avenir de la profession au niveau mondial.
Emmanuel Barhebwa et Bénie Ngwasi(Stagiaire)