La date du 13 février 2022 restera historique pour la cité minière de Rubaya, en territoire de Masisi, province du Nord-Kivu à l’Est de la RDC. Cette cité, reconnue ecclésialement comme une des succursales de la paroisse Christ Roi de Matanda, a accueilli en cette date, pour la toute première fois de son existence , une célébration eucharistique présidée par un évêque en exercice en diocèse de Goma.
En effet, Mgr Willy Ngumbi, évêque de Goma, et la hiérarchie de la paroisse de Matanda ont choisi cette contrée (malgré sa réputation moins bonne sur le plan sécuritaire) pour abriter les activités d’envoie en mission des enfants dans le cadre de l’enfance missionnaire en doyenné de Matanda et d’envoie en mission du nouveau comité paroissial des jeunes de la paroisse de Matanda.
Sur place, ils sont des ces centaines des milliers des habitants de cette contrée ; tranche d’âge, tribu et religion confondues, à s’être présenté au lieu de la messe pour non seulement voir en live l’évêque de Goma mais également écouter le message qu’il leur apporte.
Face aux maux qui gangrènent la région, l’évêque ne mâche pas ses mots
Avisé de tout ce qui se passe dans cette contrée, Mgr Willy Ngumbi, a condamné tous les antivaleurs dans lesquelles vivent nombreux jeunes de ce milieu prêchant l’amour des études, la culture de servir les autres et la pratique des valeurs chrétiennes annoncées dans l’évangile.
« Il est important que les jeunes construisent leur avenir, leur vie sur des valeurs chrétiennes, des valeurs solides. Puisque quand j’entends ce qu’on me dit de Rubaya, j’apprends que le jeunes d’ici construisent leur vie sur les antivaleurs, telles que l’ivrognerie, la prostitution, la violence, le port des armes pour kidnapper ou pour rançonner les gens…Ils vont creuser des minerais mais au finish l’argent ne leur sert à rien puisqu’ils le dépensent en vain sans vraiment construire leur avenir, j’ai aussi appris que beaucoup s’adonnent à la violence et se laissent enrôlés dans les groupes armés…Tout cela ne construit pas la paix, ça ne construit pas l’avenir» a déclaré le prélat de Goma.
Et de poursuivre,« Pour construire la paix, nous avons besoin des jeunes qui se donnent à l’école, des jeunes instruits, qui ont été formés, qui ont un diplôme et qui ont de la compétence. Nous avons besoin que notre jeunesse participe à la construction de la paix, de la sécurité, de l’unité entre nous, de la solidarité entre nous. Nous voulons des jeunes qui cherchent à développer leur contrée, à développer leur paroisse. Que ceux qui ne partent pas à l’école s’adonnent aux travaux de champs, pour cultiver et donner à manger à leur parent, à leur famille, et à toute la société »
celui-ci n’a pas manqué non plus de fustiger le comportement de certains parents de ce milieu qui pousseraient leurs enfants à abandonner les études pour aller creuser les minerais, et d’autres qui encourageraient leurs enfants filles à la prostitution et au mariage précoce.
« L’éducation de la jeunesse, les travaux champêtres et l’Évangile procurent plus de bonheur que l’exploitation artisanale des minerais », leur démontre-t-il, expliquant comment celle-ci présente des nombreux risques sur le vie des creuseurs.
Tout ceci se résume, selon l’évêque, dans la 1ère lecture de ce sixième dimanche du temps ordinaire, tirée du livre de Jéremie (Jr 17, 5-8) qui disait : « heureux l’homme qui met sa confiance, qui met son espérance dans le Seigneur. Il ressemble à un arbre qui est planté au bord d’un ruisseau, il donne du fruit, et son feuillage reste vert pendant la saison de pluie comme pendant la saison sèche… ».
Il faut noter que la messe de ce jour a connu la participation des autorités politico-administratives du milieu et de quelques figures politiques du Nord-Kivu natifs de Rubaya.
Emmanuel BARHEBWA, de retour de Rubaya